Duni, Alfred
La boite à bibi
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in 2009 witin funding from
University of Ottawa
http://www.arcliive.org/details/laboitebibivauOOduru
I
LA BOITE A BIBI
jnprhneiic du Pi.issy — S. Lejay ol Q*.
LA
BOITE A BIBI
VAUDEVILLE EN TROIS ACTES
MM. ALFRED DURU & SAINT-AGNAN CHOLER
Représenté pour la première foi»,
à Paris . sur le théâtre du Palais-Royal , le 28 mai 1877.
NuUV1;LLE EDITION
PARIS
É. DENTU, ÊDITP:UR
LIBRAinE DE LA SOCIÉTÉ DES AUTEDR3 ET COMPOSITEURS DRAUATni !•
ET DE LA SOCIÉTÉ DES GENS DK LETTRES
;rALAU-aOTAL, 15, 17 ET 19, QALXHIB D'OKLÉAI»
18 8i
Tou droiti rëMnét.
pâ)
PERSONNAGES
AMABLE GASSEGOUL, senuiier. . MM. Brasseur.
ROQUILLON Gil-Pkrez.
LE BARON DE GROSLAIT LiiEiunEiî.
ARTHUR. Calvin.
JOSEPH, domestique de Térandali.. Bouhgeotïe.
BAPTISTE, domestique d'Arthur... Giu.y.
HENRIETTE DE GROSLAIT M»»^ M. MAONiiiR.
VÉRANDAH, chanteuse G. Faivre.
FLORINE Raymonde.
TAMBOURINE M. Leuovx.
MADELEINE Dhkricourï.
TALMOL'ZE Ghahvet.
BAMBOULA E. An^rk^c
Une Bonne — Invjtés L'ES ueux si-.xes.
A Paris. — Le 1" acte, chez Arthur; le 2* acte, chez le Baron
de Groslait; le 3» acte, chez Vorundah.
':1AR i iH/4
LA BOITE A BIBI
ACTE PREMIER
CHEZ ARTHUR
Vb salon à pans coapés. Ao fond, une large porte, masquée par ud6
portière. Dans le pan coupé de gauche, la porte d'enlrée ; dans le
pan coapé de droite, nnc anlie porte. An |>ren<ier plan, une porte k
droite et on piano à gauche. C.haiseg, fauteuils, un petit goéridon.
SCÈNE PREMIKRE
JOSEPH, BAPTISTE, assis lois denx dans de* fauteuils.
JOSEPH,
r.i, maintenant que voilù ma commission faite, M. Bap-
tiste, il ne me reste plus qu'à vous dire adieu, (ii se ii-re.)
BAPTISTE, ne lerant.
Déjà?
JOSEPH.
Kn me félicitant de la circonstance, qui m'a procuré
l'honnour de faire voire connaissance.
BAPTISTE.
L'honneur est pour moi... Nous nous reverrons.
D LA BOITE A BIBI
JOSEPH.
Je l'espère bien.,. Quel jour rccevez-vousT
BAPTISTE.
Le mercredi.
JOSEPH.
C'est entendu... Au piaisir!
BAPTISTE.
Moi de même! (Joseph sort.)
SCÈNE II
ARTHUR, BAPTISTE.
ARTHin, entrant.
Q;ii e-t-ce qui s'en va là, Bopliste?
BAPTISTE.
C'est Joseph... iedomîsliqiie de mademoiselle Vérandah.
A 11 T n U R .
J'espère que tu ne lui as pas parlé de mon mariage.
BAPTISTE.
Pas de danger... Alor?, c'est décidé?
AUTHUR.
Oui; je signe C3 sjir mon contra!, chez mon beau-père,
en sortant de l'Opna. J'annoi c:rai cela moi-môme à ces
dames au dessert... en b!oc.
BAPTISTE.
Ça sera dur...
ARTIIUn.
Bah! Pour celles qui sont passées au grade d'amies
honoraires, ce sera un plaisir... à cause de celle qui est
en exercice.
BAPTISTE.
Oui, mais... celle-là?
LÀ BOITB ▲ dTBI T
ARTHUR.
Vérandah?..*. Devant les petites camarades, elle ne vou-
dra pas avoir l'air... Je la connais, et je compte là-dessus,
BAPTISTE.
C'est égal, monsieur, les femmes mariées c'est bien plus
commode... On envoie un billet de faire part, et tout est
dit.
ARTHUR.
C'est vrai... (a part.) Pauvre Henriette!
voix DE GROSLAIT, iin dehora.
il fst là... parfait!
BAPTISTE, riant.
Oh! le mari!...
ARTHUR, TWement.
Le mari!... Qu'entendez-vous par là, monsieur Baptiste?
BAPTISTE, riant.
Rien, monsieur... hi! hi' hi!
ARTHUR.
Sortez! (Baptisl* disparaît.)
SCÈNE III
ARTHUR, GROSLAIT.
GROSLAIT, entrant*
Bonjour, cher ami.
ARTHUR.
Bonjour, Baron. Je pensais à vous. Comment va madame?
GROSLAIT.
Très-bien. . Vous la verrez à l'Opéra; car ça tient tou-
jours? nous y allons ensemble?
ARTHUR.
Sans doute ; il faut bien que vous fassiez connaissance
avec ma nouvelle famille.
8 LA BOITE A BIBI
GROSLAIT, un peu piqaë.
Il est temp?,.. le jour du contratl... On dirait que vous
vous êtes caché de nous...
ARTHUR.
Quelle idéel... C'est mon notaire qui a traité cette af-
faire... je ne m'en suis pas du tout occupé.
GROSLAIT.
Je ne vous en veux pas... et la preuve, c'est que j'ai
été louer la loge... que je mets aux pieds de la future...
ARTHUR.
C'est d'une galanterie...
GROSLAIT.
Voilà comme je me venge... C'est Henriette qui vous
l'enverra.
ARTHUR.
Madame... Pourquoi?
GROSLAIT.
Voilà... Ce matin elle ne se doutait de rien... alors je
lui ai montré votre biliet de faire part, en lui disant : De-
vine un peu qui est-ce qui se marie... je parie dix louis
que tu ne devines pas... Elle m'a nommé un tas de noms,
et celui-ci, et celui-là, tout Paris, jamais vous... Ça m'a
bien amusé.
ARTHUR, inquiet.
Enfin?...
GROSLAIT.
il a fallu lui dire.
ARTHUR.
Ah! alors?...
GROSLAIT.
Ah! dame I alors, elle a été furieuse.
ARTHUR, vivement.
A cause des dix louis...
ARTHUR.
LA BOITE A BIBI if
GKOSLAIT.
Oui... Et puis elle a trouvé comme moi que vous auriez
pu nous consulter Que diable! entre amis... Au.-si, quand
je lui ai p;itié de venir ce soir à l'Opéra po ir faire con-
naissance avec volrn future, si vous l'aviez entendue...
i< Jamais de la viel 11 ne manquerait plus que ça! » Je ne
l'avaij jamais vue si exaltée... positivement, ça lui a fait
quelque chose.
ARTHUR.
Je suis désolé... je vous assure.
GROSLAIT.
Ça ne sera rien... Je l'ai raisonnée... Elle a fini par
comprendre.
Vous êtes sûr?
GROSLAIT.
Sans doute!... 11 est même convenu que c'est elle qui
vous enverra le coupon... avec un petit moi de félici-
taiion.
ARTHUR.
Ah ! c'est trop !...
GROSLAIT.
Mais non... dans le fond, elle vous aime bien. Ah ! ça,
maintenant, convenons... à quelle heure viondrez-vous à
l'Opéra ?
ARTHUR.
Le plus tôt possible... J'ai du monde à dinar.
GROSLAIT.
Votre nouvelle famille.
ARTHUR, riaol.
GROSLAIT.
Au contraire.
Comment ?
ARTHUR.
Mes anciennes amies. , mes petits remords.
10 'A BOITE A BTBI
GROSLAIT.
Ah ! ah I l'enterrement de rigueur.
ARTIIUn.
Oui... Et vous êtes prié d'y assister. Où dînez- vous ?
GUOSLAIT.
Au cercle...
ARTHUR.
Dînez ici...
GROSLAIT.
Avec des impures... jamais!
ARTHUR.
Ne dites donc pas ça... on vous connaît; vous faites vo^
coups en dessous, en sondeur.
GROSLAIT.
C'est une calomnie! (ChangeaDt de ton.) Est-ce qu'ils sont
gentils, vos remords ?...
ARTHUR.
Restez ; vous le verrez. Il y en a au moins un que vous
devez connaître... Vérandali !
GROSLAIT.
La chanteuse. . . Du tout.
ARTHUR.
Allons donc! elle vient d'eniinénager dans votre mai-
son.
GROSLAIT, vivement.
Pas dans le même escalier.
ARTîIUR.
Vous voyez bien que vous la connaissez !
GROSLAIT.
Oii f je l'ai aperçue de loin.... sur son balcon, qui
fait suite au mien... une fois à peine... El elle va venir?
ARTHUR.
Je l'attends.
GROSLAIT.
Elle est de r(MU"r: rnir;.r'
LA LOITE A filBI H
ARTHUR.
Bien entendu...
GROSLAITj se décidant.
Vous avez besoin de quelqu'un pour conduire le deuil.
Je reste !
ARTHUR.
A la bonne heure !
GHOSLAIT.
Seulement vous n'en direz rien à ma femme.
ARTHUR.
Soyez donc tranquille... (Bruit au dehors.) Ah ! voici
déjà des invitées. Allons baron, saluons leur entrée.
SCÈNE IV
Les Mêmes, MADELEINE, TALMOUZE, TAMBOURINE,
BAMBOULA.
CHOEUR.
Ain ; Voyez ceci, voyez cela, — Les clocha de Comeville.
LES FEMMES.
Noos accourons et nous voilai
Quand on dit : le plaisir est là.
Vile, en toilette de gala,
Nous accourons, nous voili.
REPRISE
TOUS.
Nous accourons et nous voilà, etc.
Elles accourent, les voilà, etc.
TAMBOliRINR.
Bonjour, Arthur t
Ï3 LA BOITE A BIBl
MADELEINE.
Nous arrivons les premières? tant mieux.
TALMOUZE.
Au moins on peut dire du mal des absents.
BAMBOULA.
Plaisir innocent !
GBOSLAIT.
Ht doux! on ne s'en lasse jamais.
MADIi:LEINE.
Qu'esl-ce qui parle de s'enlacer?
TAMBOURINE.
C'est monsieur ' (a Grosiait.) Vous allez bien !
GROSLAIT.
Comme vous voyez... (Sainait ) 31esdames!
ABTH JR, l's prosenlant.
Mademoiselle Madeleine de Coramercy.... mademoiselle
Talmouze....
GROSLAIT.
De Saint-Denis... on en mangerait.
ARTHUR, contiDuant la présentation.
Mademoiselle Bamboula... mademoiselle Tambourine.
GROSLAIT.
Ces dames sont artistes ?
MADELEINE, modËstemeaU
Professeur de piano.
GROSLAIT.
Ah ! madame joue dans les concerts...
MADELEINE,
Non, monsieur, je n'ose pas.
TAMBOURINE.
Elle ne fait que de la musique de chambre.
GROSLAIT, désignant Tambourine.
Et madame... qu'est ce qu'elle fait?
LA BOITE A m il i3
TALMOCZB.
Des cancans...
TAMBOURINE.
A votre service...
GROSLAIT.
Elles sont charmantes!
BAMBOULA.
Est-ce qu'il manque encore quelqu'un ?
ARTHUR.
•Oui... Yérandah.
MADELEINE.
Il faut toujours qu'elle se fasse attendre. C'est un
genre.
TALMOOZE.
Elle est si poseuse depuis qu'elle a voiture.
TAMBOURINE.
Il n'y a pourtant pas dequoi être si 6ère. Sa mère aussi
roulait voilure...
GROSLAIT.
Bah !....
TAMIt<^URINR.
Oui... elle était marchande de quatre saisons!
TOUS, liaol.
Ahl ah ! ah !
ARTHUR.
Cbul! mesdames... la voici.
SCÈNE V
Lbs MÊMES, VFRANDAU.
VÉIIANDAH.
Bonjour, Arthur... Bonjour tout le monde.
TALUOUZE.
Celte clii'rt* Vérandah !
14 LA BOITE A 6IBI
VÉRANDAH.
Bonjour, ma biche,
TAMBOURINE.
Est-elle gentille!
BAMBOULA.
Si simple !
TALMOUZE.
Et du talent... jusqu'au bout des ongles.
TAMBOURINE.
Et ils sont longs.
VÉRANDAH.
Ah! mesdames, vous disiez donc bien du mal de moi?
TOUI ES.
Ah ! par exemple 1
GROSLAIT, saluant Vérandah.
Belle dame!...
VÉRANDAH, apercevant Groslait,
Tiens, Baron ! vous êtes là... par quel hasard ?
GROSLAITj bas.
Pour vous voir.
ARTHUR, bas.
Ah ! cachotier !
GROSLAIT.
Une fois... de loin... sur son balcon...
TALMOUZE, à Arthur.
C'est un baron, ça ?
TOUTES LES FEMMES.
Et vous ne nous le dites pas.
ARTHUR.
Je vais vous le dire. (Présentant Groslait.) Mesdames, le va-
ron de Groslait.
TAMBOURINE.
Joli nom... (a Groslait.) 11 VOUS va bien. .. (Tout lo monde
rit.)
LA BOITE A BIU ^^
6B0SLAIT.
Vous savez... on me l'a déjà faite.
MADELEINE.
CVsl indiqué.
VÉRANDAH.
\\\ ça ! est-ce qu'on nous a convoquées pour dire des
:■■ niil!e?ses an baron ?
ARTHUR.
Non, il y a autre chose...
GROSLAIT.
C'est une ourprise.
ARTHUR.
On vous racontera ça avant dîner, pendant la «challe.
TOUTES.
La scballe !...
VÉRA-NDAH.
Oh ! oh ! Vous nous traitez à la russe, alors. (Baptiste et
ine bonne apportent aoe tibld tonte servie.)
ARTHUR.
Mesdames... servez-vous.
SCÈNE VI
GROSLAIT, ARTHUR, VÉRANDAH, TAMBOURINE,
MADhLEINE, BAMBOULA, TALMOUZli, BAPTISTE,
U.NE BONNE.
CHOEUR
Air : Àh\ quel eoquin\ — Foire Saint-Laurent, i' acia.
Vite au repas !
Pendant qu'on mange, on ne peut pas.
Dire tout bas
Du mal de ceux qui n'y sont pas.
A\, ! ah 1 ah t
Au repas t
Qaand on boit, on ne s'ennuie pas.
(Pi-O'Iani le cliœur, tout !• moade t'ed placé; momdot de liienceV
J6 LA BOITE A filBI
GROSLAIT, parlé.
Encore un verre de Kummel.
TAMBOURINE.
Il boit bien, le baron.
GROSLAIT.
C'est pour m'étourdir ; j'ai des peines de cœur.
MADELEINE.
Ta parole ?
GROSLAIT.
Je demande à les déposer dans le sein d'une amie, (ii veui
l'embrasser.)
TOUTES.
 la porte le baron I
VÉRANDAH.
Mesdames, vous n'oubliez pas que je pends ce soir ma
crémaillère? 11 y aura bal et souper. Je compte sur vous...
A onze heures pour le quart.
TOUTES.
On y sera.
VÉRANDAH.
Arthur, vous viendrez de bonne heure.
TAMBOURINE, mettaDt la maia sar son cœar.
Ça tient donc toujours?...
VÉRANDAH.
Toujours !
TALHOUZE.
Jusqu'à ce que ça casse.
VÉRANDAH.
Tiens! jusqu'àceque ça casse... c'est justement la chan-
son que je dois chanter ce soir pour la première fois.
TOUS.
La chanson ! la chanson !
VÉRANDAH.
Ah I vous savez... je ne me fais jamais prier, moi.
lA DOiTE A BIDI n
CHANSON
Ain nouveau de M. Mare-Chautagne
1
S'snià hasardeuse et j'm'en fais gloire.
Dans toul's les ièles où je vais,
J'aime à risquer en balançoire
Mon cou, ma (éle... et mes mollets.
La pudeur, c'est ça qui m'occupe!
Aussi maman, qui n'badin' pas,
A soin de m'attacher ma jupe
ATec an cordon, par en bas,
TOUS, parla.
Et si ça casse ?
VÉRANDAH, reprenanl .
Et si ça casse, casse, casse I
Ma foi que voulez-vous que j'y fasse?
Et si ça casse, casse, casse.
Eh ben d:im t... voilai ça çass'ra I
Viilàl
> uilà t
RNSEMBLB.
Et si ça casse, otsse, casse, etc.
VÉRANDAH, 5e Itrant.
H
P'iit à p'tit devenant grand'Ietie,
Par dessus l'grand mur de chez nous,
Au voisin, un garçon pas hùte.
Je m'vois donnant des rendez-vous,
48 LA BOITE A BIBI
Perché chacun sur une échelle.
Gentiment tous deux nous jasons.
C'n'est guèr' solide et ça chancelle...
Mais c'est bien à ça qu'nous pensons I
TOUS, parlé.
El si ça casse?
VÉRANDAH, reprenant.
Et si ça casse, etc.
ENSEMBLE.
Et si ça casse, etc
VÉRANDAH
III
A présent j'suis épouse et mère ;
J'connais mon d'voir, j'aim' mon man,
Je fais tout c'qrf il faut pour lui plaire.
Par malheur, il y a son ami.
L'intrigant me conte fleurette;
Ça m'amuse, à caus' du péril.
Mais j'sen?, tant j'ai fait la coquelti.
Que ça n'tient plus que par un fil.
TOL'S, par'.ô.
Et si ça casse ?
VÉRANDAH, reprenant.
Et si ça casse, etc.
ENSEMBLE.
Et si ça casse, etc.
TOUS, après la chanson.
Bravo ! bravo !
LA BOITE A BIBI 19
TAMBOURINE.
Maintenant, nous demandons la surprise.
TOUTES.
Oui, la surprise !
GROSLAIT, bai à Artbnr.
Voilà le moment.
ARTHUR^ bM.
C'est béte ; je n'ose pas !
GROSLAIT.
Attendez... avec quelques précautions oratoires... lais-
> /. moi faire.
TOUTBS.
Lli bien I voyons !
GR09LAIT.
Mesdames! noire ami Arthur, brisé par l'émotion, me
(Iiargede parler à sa place.
TOUTES.
Parlez ! parlez !
GROSLAIT, d'one voix ëmae..
J'irai droit au fait. Je ne vous dirai pas qu'Arthur...
TOUTES.
Vous allez le dire...
GROSLAIT.
Moi !... Oui, au fait... quand on dit qu'on ne dira pas,
c'est qu'on va dire !... Je vo is «lirai donc que notre ami
,\rihur n'a jamais rien fait ni pour son pays, ni pour soi,
ni {lour personne.
TAMBOURINE.
Al( fi, il n'a rien fait du tout.
GROSLAIT.
Mais ça va changer.
TOUTES.
Aht
20 LA BOITE A BIBI
GROS LAIT.
Oo lui offre une position dans la diplomatie ;n l'accepte,
et ce soir, à minuit et quelque chose, il prend la mer pour
?e rendre à destination.
TOUTES, à Arthur.
Tu pars ?
C'est vrai, dis?
Oui !
Hi ! hi ! hi !
VERANDAH.
ABTHBR,
TOUTES, plflurant
GROSLAIT.
Enfants, séchez vos larmes... j'espère qu'il vous revien-
dra bientôt... Moi qui vous parle, j'ai fait le même voyage,
el j'en suis bian revenu.
TOUTES.
A la bonne heure!
ARTHUR.
Mais avant de vous quitter, je tiens à vous restituer les
lettres charmantes que vous m'avez écrites.
TOUTES.
Nos lettres !
ARTHUR.
Oui, je craindrais de les égarer en route... Je me per-
mettrai d'y joindre, pour chacune de vous, un petit ca-
deau... un léger souvenir.
TOUTES.
Ah ! c'est gentil... c'est gentil !
ARTHUR. *
Baptiste ! la liste et la corbeille. (Baptiste lai apporte aoe
corbeille et nn papier roulé )
GROSIAIT.
Alors c'est une distribution de prix... Je vais présider!...
LA BOITt: A BIBI 21
(Prenant u liita-) Je vaisDomruer les lauréates, et on m'em-
brassera.
ARTHUR.
Et moi?
GROSLAIT.
Vous, au piano... pour la fanfare. (Arthur ra s'as<eoir aa
piano. Baptiste avaace on fauleuil dao3 loqael s a sitJ Grot'ait, H
M tieiit derrière lai poar lai passer les objets k mesure. Les femmes
•ont rangées en ligne.)
GROSLAIT, se lerant.
Jeunes élèves !...
TOUTES.
Pas de discours... à bas l'orateur t
GROSLAIT.
Je supprime ce morceau d'éloquence, et je commence.
Attention ! (r.isam.) Prix d'assiduité : mademoiselle Tam-
bourine... Onze lettres... Un bracelet en feuilles de lierre...
avec celle inscription : " Je me cramponne. » Approchez,
mon enfant, et persévérez toujours dans celle voie, où vous
trouverez la fëlécité pour vous. . et pour les aulre>... Allez,
la musique. (Artbar joue ano marcbe brayanle. Tambouria» rient
embrasser Groslait, qui lai remet les objets annoncés; on applau-
dit.)
TAMBOURINE.
Merci, papa ! Vive la noce ! (Ella retoarne à u place.)
GROSLAIT, coaiianaot.
Prix de ndélilé... (Tootei s'avancent TiTsment.) Attendez..
on ne sait pas laquelle... Mademoi^elh' Madeleine... Trois
lettres... une par jour... Un médaillon roprésentanl un ca-
niche. (Même jea que pias haut.) Pri\ de Style épistohiire,
mademoiselle Talmouze... qualre-vingl-onze lettres... Ma-
dame de Sévigné montée en épingle... le buste seulement.
(Méae jeu.) Prix d'innocence : mademoiselle Bamboula...
pai de lettres.
22 LA BOITE A UIBI
vÉnANDAii, à part.
Pardi! elle ne siil pas écrire.
CiROSLilT, roclinuaDt.
Une paire de pendants d'oreilles repré-enlani un.; c;!,(\
avec un serin... (a Bamboula, qui s'est approché») en pleiu.n ]
Vous pleurez, mon enfant ?
BAMBOULA.
Ça me rappelle le jour où j'ai éié couronnée rosiùie.
Gucsr.Ai r.
Éloignez ce souvenir pénible; ça n'a aucun rupporl..
(Reprenant sa liste.) Je crois que c'est lOUt.
VÉRANDAH, virement.
Hien pour moi ?
ARTHUR.
Mais si; il y a quelque chose.
GROSLAIT.
Ah! pardon... oui, il y a quelque chose. Prix d'excel-
lence, gymnastique transcendanio j madenioistlle Vo-
randah! (a Vérandah.) Voilà votre paquet ! Dans mes bra-,
chère enfant 1
VÉriANDAH, lui échappant et allant embrasser Arthur.
Merci, Arthur ! (Eile po o l'éciin sur la piano. Baptiste soa.)
GIVOSLAIT, à Arthur.
Et maintenant, mon bon, vous pouvez aller vous ma-
rier.
TOUTES.
Se marier ?
TAMBOURINE.
Vous nous avez dil qu'il allait prendre la mer ce soir.
GfiOSLMT.
Ai-je dit la mer ? Eh bien, oui, la mère de ses futurs
enfants.
VJÎRVNDAII, à Arthur.
lEt tu crois que nous permettrons ça... jamais! en-
LA BOITE A LIDI 23
lends-tu !... Ah! les nerfs !... aii ! ah! (Elle tombe Jans dd
(aaleoil)
GROSLAIT.
Allons, bon I une attaque de nerfs.
ARTHUR.
Un médecin... vite !
GROSLAIT.
J'y cours ! Tapez-lui dans les mains. (i\ sort TiTement.)
SCÈNE VII
Les Mêmes, moioi GROSLAIT.
ARTHOR.
Voilà ce que je craignais... Cette pauvre Vérandah!
MADELEINE.
Il faut toujours qu'elle en fasse plus que les autres.
TAMBOURINE
Pardinel ça nous fait autant qu'à elle.
TALMOUZE.
Certainement, et si nous voulions... Ahl ab ! je sens
que je m'en vais.
TOUTES LES AUTRES FEMMES.
Moi aussi... Ah ! ah ! ah! (Elle* tombent tuntai tardes liégee
el ic mettenl à gL-ottcr.)
ARTHUR, ahari, conrart Je 1 ooe à 1 autre.
Voyons, pas do bôlises .'... Madeleine!... Tambourine l
Vérandah !
BAPTISTE, aDDOoçaal aa fond.
Monsieur Roquillon.
ARTHUR, ï part.
Mon beaj-perc!... il arrive bien...
24 LA BOICE A filBI
SCÈNE VIII
Ies Mèmrs, ROQUILLON.
nOQUILI.ON, entrant gaiement.
Je ne vous dérange pas ?
ARTHUR, lapant dans les mains de Véraodah.
Au contraire.,, au contraire ..
ROQUiLLOX.
Tiens! Vous avez du monde... Quelles sont ces dames?
AHTHUll, mèmeji'U.
Des parentes de province.
ROQUIi.LON, tapant dans les mains de Tambcnrine.
Qu'est-co qu'elles ont ?
ARTHUR, même jju.
Ne faites pas attention... ça va S3 passer.
ROQUlLt-ON, même j'U.
Je venais vous demander à quelle heure vous viendriez
nous prendre pour aller à l'Opéra.
ARTHUR.
Sur les huit heures.
OQUILLON.
Bon! (Regardant les f-mmes, qui gigottent toujours.) Dites donc...
est-ce que vous êtes tous sujets à ça dans la famille ,
mon gendre?
TOUTES LES FEMMES, se levant, exa'plo VéranJah.
Tiens! c'est le beau-pèro!
ARTHUR, à Roqaillon.
Vous voyez, c'est fini !
TOUTES, enlonraDt Roquillon.
Bonjour, beau -père.
ROQUILLON, «aluaot.
Mesdames!...
LA LOITK A BIBI 25
TALUOUZi:.
Madame votre épouse va bien?
ROQUILLON.
Vous ctrs bien bonne.
TAJfBOURINE.
Kt voire demoiselie ?
ROQUILLON.
Ma fille aussi... elle csl à la maison avec ma femme et
le cousin Hector... oui, mes cousines... (Elles remontent.)
VERANDAH, s avançant ver> Roqii'bn.
Monsieur, avez-vous pris des renseignements sur votre
pendre ?
ROQUILLON.
Beaucoup ! ils sont exécrables... On «n'a d'il qu'il avait
fait la noce; avec un las de femmes... ça me fait plaisir...
mieux vaut s'amuser avant qu'après.
VEl'.ANOAH, vexée.
Vraiment 1
ROQUILLON.
Ainsi, moi, je n'ai jamais eu de maîtresses... j*atlend>
que ma fille soit mariée, et en attendant, je travailiu
comme un nèizro... J'amasse pour quand je serai jeune...
Ohé I ohé! iesflambards!
TALWOl'ZE.
Tiens! mais il a du bon, ce vieux- là.
BAPTISTE, eafant an fonl. La poriière ouferte laisse Toir nns
table servie.
Ces viames sont servies!
AIlTflUR.
Beau-père, vous restez avec nous ?
TOUTES.
Oui... oui... enlevons le beau-père. Vive Roquiilon!
ROQUILLON, k Arllmr.
Quelle charmante famille vous avez là I
f
26 LA BOITE A iilBl
REPRISK DU CHŒUR
Vile au repas!
Pendant qu'on mange on ne peut pas
Dire tout bas
Ou mal de ceux qui n'y sont pas.
Ah I ah ! ah I
Au repas !
Qaand on boit, on ne s'ennuie pas!
(Pendant le chœar, Arthur, donnant le bras àTalmouze et à Bambonla;
Roquillon, donnant le bras h Madeleine et à Tambourine, exécutent
un vis-à-vjs, tandis que Vérandah fait tace au public. Tous sortent
au fond. — La portière se referme.)
SCÈNE IX
CÀSSEGOUL, seul, arrivant par le fond, à droite ; il est en cos-
tume de serrurier et porte son sac d'outils sur l'épaule. Il entre ti-
midement en regardant au'.our de lui.
Monsieur Arthur Fringard? C'est- il pas ici qu'il de-
meure? Personne!... Je vas attendre, (il pose son sac d'ouiiis
derrière le canapé.) Fichue commission !... Voilà ce que c'est
que d'avoir des faiblesses pour les femmes. Tout à l'heure
mamzelle Florine... c'est une bonne amie que j'ai, une
femme de chambre... une inférieure... Aussi je la tiens à
distance, je ne vas jamais chez elle,,, c'est vrai qu'elle n'a
jamais voulu me dire où elle demeure. Tout à l'heure, v'ià
qu'elle passe devant ma boutique... parce que moi je suis
serrurier de mon état Vous n'entrez pas?que jedis. — Non;
je ne peux pas... qu'elle répond; j'ai une lettre pressée à
perler pour madame, même que ça m'ennuie rudement,
parce qu'il brouillasse et que j'ai des bas blancs,.. Ça,
c'est vrai qu'elle en a-., elle est rudement chic tout de
môme. Je ne sais pas si vous êtes comme moi ; j'ai lou-
LA BOITE A BIBI 27
jours aimé les bas blanrs... ça m'inspire... J'ai connu une
femme qui avait des ba^ noir*. Eh bien ! elle m'aurait of-
fert un trône... c'est plus fort que moi... Pour en revenir
à Florine... Je la porterai votre lettre, .|ue je lui dis;
ousque c'est ? chez M. Arthur, vous savez bien... l'amou-
rei/x de madame. — Ah ! Bibi! que je dis, parce que cet
amourcuK-là, dans le quartier, nous autres, avec tes do-
raesliquei!, nous l'appelons Bibi... ça fait rire. (Changeant de
ion ) Avec tout ça, il ne vient personne... Fichue com-
mission ! v'Ià ce que c'c?t d'avcir des faibles-ses pour les
femmes... une inférieure encore... parce ce que moi, ma
gloriole me pousse plus haut... Ah! les actrices... Tenez,
il y en a une... une chanteuse, la céèbre Yéran iah.
C'est celle-là qui m'inspire...
SCÈNE X
VÉRANDAH, CASSEGODL.
VÉRANDAS, luranl la portière.
Je reviens,
CASSEGOUL.
EnQnl v'Ià quelqu'un.
VÉRANbAH, k e loméme.
J'étouffe! il se marie! et je permettrais ça!...
CASSEGOUL.
.Monsieur Arthur Fringard! c'est-il pas ici qu'il demeure?
VÉRANDAH, le retoarnant.
Oui, c'est ici.
CASSEGOUL. k part.
Ah! main' Vérandah!
VÊBANDAH.
Qu'csl-ce que vous lui voulez ?
CASSKGOUL.
C'est une lettre que j'apporte... C'est pas que je soi.4
28 LA BOITE A BIBI
commissionnaire... (a pan.) Nom d'un viltjrequin! elle est
encore mieux qu'au gaz.
VÉRANDAH.
Qu'est-ce que vous êtes alors?
CA?SEG0UL.
Amible Ca^50goul... serrurier, rue de Maubeuge. J'ap-
porte la ieltrc, parce que c'est une lettre d'ainour.
VÉRANnAlI.
D'amour!
CASSEGOUL.
Oui, et l'amour ra mesympalhisf... et puis cette fois-ci
ça pres:-e... ii y aura quelqu'un ce soir dans la boite à
Bibi.
VÉRANDAH.
La boîte à Bibi ! qu'est-ce que c'est que ça?
CASSEGOUL.
C'est vrai, vous ne savez pas... c'est une grande ar-
moire qu'elle a dans son cabinet de toilette, pour [)endro
ses robes.
VÉRANDAH.
Qui va?
CASSEGOUL.
Eh bien î la dame... .
VÉRANDAH.
Ah ! la dame à la lettre.
CASSEGOUL.
Oud... alors, quand le mari rentre...
VÉaANDAH.
1 1 y a un mari ?
CASSEGOUL.
Oh! j'te crois! C'estcequifait le drôle... sans ça., alors,
.■juand le mari rentre plus tôt qu'on ne l'attendait; plouf!.,
elle fourre l'amoureux dans l'armoire... alors nous autre?.
LA BUlTi: A biut 2'J
avec les domestiques, nous avons baptisé ça la boîte à
Bibi... ça fait rire, ça fait rire!. .
VÉKANDAU.
Je comprends.
CASSBGOUL.
Parait qu'une fois, il y est resté toute la nuit. . qu'il en
a été plus de quinze jours sans pouvoir aller... à son ou-
vrage .. Voilà comme ra se passe dans le grand monde.
VKRANDAII.
C'est très-drôle... et le nom de la dame?
CASSKGOUL.
Ah! ça, raara' Vérandah, jo ne peux pas le dire.
VÉRANDAH.
Pourquoi? ça n'ira pas plus loin... nous rirons un peu.
CASSEGOUL.
Oh! rire avec vous, c'est mon rêve... mais c'eU im-
possible; l'honneur d'une femme... on me couperait plutôt
en morceaux... et puis je ne le sais pas.
SCfcNK XI
Lbs .Mkmks, ARTHUR.
ARTHUR, arrivaiil par le fond.
Eh bien! voyons, Vérandah!... Ètes-vous plus rai.«on-
nable?
VÉRANDAH.
Oui, Arthur ; c'est fini, je n'y pense plus...
CASSEGOUL, k part, riant.
Arthur... c'est Bibi !
ARTHUR.
\rai?à la bonne heure ! (Ap#rceTant Caswgont.) Quel est
cet homme?
3D LA BOITE A BIBI
VÉRANDAH.
Il VOUS apporte une lettre...
CASSEGOUL.
C'est de la part de mam'zello Florine... ma bonne amie..
à cause de ses bas blancs.
ARTHUR.
C'est bien; donnez...
CASSEGOUL, lui donnant la lettre.
En mains propres... il n'y a pas de réponse?
ARTHUR.
Non, c'est tout.
CASSEGOUL, remontant.
Bon! bon! (a Verandah.) Faut que je m'en aille?
VÉRANDAH.
Sans doute.
CASSEGOUL.
Je m'en vas. (a pari.) Mais je reviendrai... Ah ! ces fem-
mes-là, c'est de l'or qu'il leur faut... Je reviendrai... (il
sort sans emporter ses outils.)
SCÈNE XII
i ARTHUR, VÉRANDAH.
VÉRANDAH.
Eh bienl Arthur... Vous ne lisez donc pas celte lettre?
ARTHUR, jouant rindilTôrcnco.
Ah ! j'ai bien le temps... je sais ce que c'est.,, une
lettre tout à fait insignifiante.
VKRANDAH.
N'importe, vous n'allez pas vous gêner avec moi, mon
cher 5 lisez!... (Elle remonte à la glaco et arrange ses cheveux,
tjuten regardant Arthur du coin do l'œil.)
ARTHUR.
Puisque vous le permette/.... (il ouvre la lettre et jette l'en-
LA BOIT^ A tHBI -,]
»elopp« à terre. — A pari.) D'Heure, le ! (iUut.) C'est bien CO
que je pensais .. tout à fail i!:sign!raiilo. (i.i ani i.ut b<<.)
« Homme sans foi et sans honneur, vous \ous mariez I
Si à sept heures vous n'êtes pas chez ir.oi avec mes Iclîits,
à huit heures mon mari aura lus vùlresl » Sapristi! elle \{i
Terait comme elle le dit I
VKRA.NOAU, reJcscenJjnl.
Vous n'avez pas l'air conlenl.
ARIUL a, s'oabliaal.
Je crois bien...
VÉRANDAII, Ti.emant.
Quoi ?
ARTHUR, se remettant et serrant la leUre dans sa poche.
iMon propriétaire, qui ne veut pas accepter mon conçt'.
VÉRANDAII.
Ah! c'est votre propriétaire...
ARTHl'R.
Il prétend que je m'y suis pris trop lard.
VÉRANDAH.
Vous n'avez pas de chance aujourd'hui avec les con-
gé.-:.
ARTBtR.
C est vrai... (a lart.) Se|)t heures moins cinq...
SCKNE xni
Les Mêmes, GIIOSLAIT.
GROSLAIT, arri<act e$-oufll-.
Me voilà .. J'ai été chez dix-sept médecins, ils étaient
tous sorti?... mais j'ai laissé l'adresse... ils vont venir.
VÉRANDA H.
C'est inutile .. Je vais tout à fail bien., merci, baron
32 LA BOITE A BIBI
GROSLAIT.
Ça n'a rien été... tant mieux!... (Ramassaut l'enveloppe qni
est à terre.) Vous perdez quelque cliose, mon cher... Tiens!
r*écriture de ma femme.
ARTHUa.
Hum!
Sa femme »
VERANDAU, k part.
ARTHUK, troublé.
Oui, VOUS savez... comme c'était convenu, elle m'envoie
le coupon... avec quelques mois de félicitation... très-
aimables. (Regardant la pendule, à part.) Sept heures passées!
GROSLAIT.
Je vous dis qu'elle vous aime bien... (Changeant de ton.)
Où en est-on ? qu'est-ce qu'on fait ?
ARTHUR.
On va bientôt prendre le café... mais croiriez-vous qu'il
ne me reste pas un seul cigare?
GROSLAIT.
Il faut envoyer Baptiste.
ARTHUR.
Non... je ne m'en rapporte qu'à moi... il ne sait pas
choisir... Tenez compagnie à ces dames; je reviens, (ii sort
virement.)
SCÈNE XIV
GROSLAIT, VÉl^ANDAH.
VERANDAH, à part.
Il est parti ! il est allé à son rendez -vous, et il signe
son contrat ce soir... Ah ! les hommes!
GROSLAIT, à part.
Eue est seule... c'est le moment de pousser une botte
sérieuse...
LA BOTE A BIBI 38
vénA.NDAH, à part.
Si le baron rcnirail chez lui tout à coup, on fourrerait
Arlhurdan» la boîlo à Bibi. Piouf!...
GROSLAIT, ('avançant.
Chère amie ! . . .
VÉRANDAH, à part, fans IVnUndre.
Et si le bafon m'apportait la clé, Arihnr serait pri-
sonnier pour toute !a nuit... Comment faire?...
GROSLAIT, aroc force.
EnQn, Vcrandah, je puis donc vous parler san? té-
moins...
VÉnANDAH.
Ah ! mon Dien, mon aaii, est-ce que vous allez me
faire ane déclaration ?
GROSLAIT.
Pas autre chosa. Vérandah! vous voyez ce que sont
les jeune? gens! tous lâcheurs. Renoncez-y à jamais, et
rcjelez-vous sur les hommes de quarante cinq ans... bien
conservés... l'avenir ci^t là. Votre cœur est lilire. J'ai fait
trois m©is de surnumérariat... je demande à être nommé
titulaire.
VÉRANDAH.
Mais vous êtes marié, mon ciier !
GltOSLAIT.
Oh I si peu! et ce serait si commode, maintenant que
nous habitons la même maison.
VKRANOAH.
C'est vrai... un escalier à descendre, un à monter.
GROSLAIT.
Mieux que ça. Vous .«avez, la prtile grille qui sépare
nos balcons .. Eh bien ! vous n'auriez qu'à faire scier un
barreau... (so r-gariant.) deux harroa i.x, et à la faveur do
la nuit... en sourdine... je me glis erais...
:}i LA BOITE A DIBI
VÉRANDAH.
C'est ingénieux, je ne dis pas... (Avec sentiment.) Ah! si
j'étais sûre que vous m'aimiez comme vous le dites !
GROSLAIT.
Mettez-moi à l'épreuve.
VÉRANDAH.
J'ai bien envie d'essayer... pour voir.
GROSLAIT.
Demandez-moi les choses les plus invraisemblables...
un pavé du Pont Euxin... la clé de la porte Saint-Denis.
VÉRANDAH.
Une clé, c'est cela... Vous savez que je suis originale...
Tenez! nos appartements sont pareils... Eh bien! il y a,
dans le cabinet de toilette de votre femme, une armoire...
je veux la clé de cette armoire.
GROSr-AlT.
Mais c'est insensé... Demandez-moi autre chose...
VÉRANDAH.
Non... je vous demande la chose du monde la plus
simple, et vous hésitez. L'épreuve est suffisante... n'en
parlons plus.
GROSLAIT.
Mais non, je ne refuse pas... du moment que vous en
faites une question de cabinet... vous l'aurez quand vous
voudrez...
VÉRANDAH.
Tout de suite. J'aime les choses qui vont rondement.
GROSLAIT.
Moi aussi... Et alors... de votre côté, vous ne penserez
plus à Arthur? jamais... jamais!...
VÉRANDAH.
Jamais !
GROSLAIT.
Eh bien! donnez-m'en une preuve... Sacrifiet-inoi ces
LA fiOITE A BIBI 3o
lettres brûlantes que vous lui écrivites jadis, et qu'il vous
a rendues tout à l'heure.
VÉRANDAH.
Vous êtes jaloux du passe ?
GROSLAIT.
Eh bien, oui... ça me ronge.
VÉRANDAH.
Gros enfant 1 (Lai doonact le paqaet de lettres.) Tenez ! les
voici... ce soir, vous me les rapporterez par le balcon, et
nous les brûlerons ensemble.
GROSLAIT.
Les barreaux seront coupés ?
VÉRANDAH.
Oui!
GROSLAIT, éperdo.
Vous êtes une sirène... mon cœur... mon sang... ma
clé... à bientôt !... (U tort comme dd foa.)
VÉRANDAH, descendant.
Je crois qu'Arthur ne signera pas son contrat ce soir.
(Elle se met aa piano et joae machinalement l'air des Djinns da Premier
jour de bonheur.)
SCÈNE XV
VÉRANDAH, CASSEGOUL ; il est endimanché et tient
on SM de coir à la main.
CA8.SEG0UL, regardant dans la conlisse.
Comme il court, celui-là 1 (Aperce»ant Vérandah.) Ahl la
v'ià... J'ai pris le sac, tout l'héritagr' de ma tante Plumet,
trois cent cinquante-sept francs .. je crois que c'est rai-
sonnable. (Êcoatant le piano.) Elle s'iuspire... (Chaatonnaat.)
Ab! viens!... ah! viens I...
VÉRANDAH.
Comment l c'est encore vous !
36 ].A liliiTK A IJIUI
■ CASylX.OVL.
Oui... j'ai oul,'li(3 mes outils.
VKUAM1AH, jouanl toujourf.
Eh bien, prenez-les.
CASSEGOUL, avec résolulion.
Eh bien ! non, c'est pas ç.a... Je viens pour vous entre-
tenir... cl puis celte fois ci, je suis en règle, j'ai rncn
sac... vous m'écouterez. (ll s'approche da piauo et tourne les
pages du morceau.) Ah! viens!.., ai» I viens!...
VÉRANDA II, même jeu.
Un autre jour... je n'ai pas le tennips... (Humant l'air.)
Conimo ça sent la prommado! (Elle se lève.)
CASSIÎGOUL.
C'eU moi... Je m'ai fait couper les cheveux à votre in-
tention. (Tirant un [i;ipi.T de sa {loclie.) Voulez-VOuS Cn choisir
une mèche?
VÉRANDAH, riant.
Merci.., il n'y a pas assez longtemps que je vous con-
nais.
CASSEGOUL.
C'est-il drôle!... mais tous les soirs, je suis à votre café,
concc! t, et quand vous avez fini de chanter, je suis là, sur
le trottoir, quand vous montez en voiture. Ah bcn !... s'il
fallait vous forger un bas de soie en lôle de fer, j'ai la
mesure.
VÉRANDAH.
Mais c'est de l'indiscrétion, ça, monsieur Gassegoul.
♦JASSEGOUC.
C'estde l'amour,,. Une fois... vousnevous rappelez pas...
je vous ai ouvert votre portière, et vous m'avez donné
deux sous.
VÉRANDAH.
Ah ! je regretté .. |
CASSEGOUL.
'Non, no les regrettez pas. Je les ai fait dorer par un de
LA BOITE A BIBI 37
mes amis, qui est doreur sur métaux et je les ai mis an
bout d'une ficelle, lis sont toujours là, sur mon estomac,
(il oarre sod gilet et montre la pièce de deax soas, peodae sur t^
poilrioe.)
VÉRANDAH, riaat.
C'est vrai.
CASSEGOUL.
V'ià où j'en suis, mam'zelle Vérandah... Maintenant,
appréciez un peu ce qui vous reste à faire.
MADELEINE, oavraot la portière, aa fond.
Eh bien! Vérandah, qu'est-ce que tu fais?
TAMBOURINE, de même.
On boit du Champagne; viens donc !
VÉRANDAH.
J'y vais. (Madelelae et Tamboarine diiparaissent ; Vérandab t^
monte ponr les soirre.)
CASSEGOUL.
Vous vous en allez comme ça... sans me rien dire? C'est
donc que vous méprisez les serruriers !
VERANDAH, à p.<rt, redescendant nn pen.
Tiens, au fait! il m'en faut un, pour les barreaux.
CASSEGOUL.
Mais j'ai un sac... l'héritage de ma tante Plumet, (ii upe
snr son sac d'argent.)
VÉRANDAH.
Laissons cela, mon ami. J'aurai besoin de vous ce soir.
CASSEGOUL.
Ce soir, bon I (a part.) V'ià le sac qui fait son effet.
VÉRANDAH.
Chez moi... 36, boulevard Ilaussmann.
CASSEGOUL, k part.
Elle me donne son adresse.
VÉRANDAH.
Un peu tard... sur les onze heures.
I
38 LA BOITE A BIBI
CASSEGOUL, à part.
Quand les domestiques seront couchés.
VÉRANDAH.
Vous monterez par l'escalier de service.
CASSEGOUL.
Compris ! (a part.) C'est plus mystérieux.
TAMBOUR INEj reparaissant.
Voyons donc, Vérandah ?
VÉRANDAH, en dehors.
Voilà ! voilà ! (a Cassegoui.) Non, au fait... je ne suis pas
sûre... je vous enverrai chercher.
TOUTES.
Vérandah 1 Vérandah !
VÉRANDAH.
Voilà I (Elle sort et disparaît ayec Tambourine.)
CASSEGOUL, mettant son sac dans sa poche.
Ça y est! Elle m'enverra chercher... par une vieille...
une duègne... comme dans les pièces de théâtre. Ce soir,
je serai heureux 1 Je serai l'égal des banquetiers,
SCÈNE XVI
CASSEGOUL, HENRIETTE, puis BAPTISTE.
Henriette entre rapidement, effarée. Ella est en toiliette d'Opéra.
HENRIETTE, très-vite.
M'y voici!... Ah! quelqu'un, (a Cassegoui.) Mon ami...
CASSEGOUL, à part.
Déjà la duègne! Ah! non, elle est trop jeune pour une
vieille.
HENRIETTE.
Je veux parler à M. Roquillon.
CASSEGOUL.
Roquillon... connais pas.
LA BOITE A BIBI 39
HENRIETTE.
Il est ici... je le sais... Prévenez-le... Hâlez-vous, il y
va de Texistence de deux personnes. Voici ma bourse...
prenez. . . (Elle lai doone sa bourse.}
CASSEGOUL, à part.
Sa bourse! (Haat.) Mais c'est que je oe suis pas de la
maison, moi... je suis serrurier.
HENRIETTE.
Serrurier! C'est le ciel qui vous envoie...
CASSEGOUL.
Le ciel... mais non, je viens de ma boutique... (voyaoi
entrer Baptiste, qui apporte ane lampe aliainée.) Un domestique.
(a HeDrieite.) Attendez I (a Baptiste.) M. Roqxiillon... avez-
V0U8 ça ?
BAPTISTE.
Certainement... il est là.
HENRIETTE.
Qu*il vienne sur-le-champ... n'est-ce pas, mon ami ?
BAPTISTE.
Oui, madame. (Il sort par le fond.)
CASSEGOUL, à part.
Parait que ça presse, (ll prend ses oatils et va poDr sortir.)
HENRIETTE, le retenant.
Ne vous en allez pas; on aura besoin de vous.
CASSEGOUL.
Mais pourtant...
HENRIETTE, lai montrant la droite.
Entrez là cl attendez.
CASSEGOUL.
C'estque j'ai affaire.
HENRIETTE.
Pas un mo^ ' ... (Détactiast an bracelet 4e son bras.) Prcucz
M br^celek
40 LA BOITE A filBI
CASSE60UL.
Mais, madame...
HENRIETTE.
Prenez donc!... et faites ce que je vous dis.
CASSEGOUL, ahuri.
Oui, madame, (a part, en sortant.] Excusez! elle mo donne
ses bijoux. Elle est ecore meilleur genre que l'autre, (ii
entre à gauche, pan coupé.)
HENRIETTE, geale.
Pourvu qu'il ne tarde pas... .Ah ! quelqu'un!
SCÈNE XVII
ROQUILLON, HENRIETTE.
ROQUILLON, un verre de Champagne à la main,
il est na peu gai.
Charmantes, les cousines... Il y en a déjà trois qui me
tutoient...
HENRIETTE, à part.
Le voilà 1
ROQUILLON.
Il y a une dame qui me demande !...
HENRIETTE, «'avançant viv.>nient.
C'est moi, monsieur. Vous êtes mons,'cur Roquillon ?
ROQUILLON.
Lui même... et vous, belle inconnue?...
HENRIETTE.
Je suis madame de Groslait.
ROQUILLON, très-galant.
Avec qui je vais avoir le bonheur, ce soir... enchante'...
HENRIETTE, l'interrompant.
Pas de politesses... au nom du ciel ! lous n'avons pas
le temps !
La boite a bibi 41
roquillon.
Ah ! j3 m'abstiens... à regret...
HENRIETTE.
VoHS attendez votre gendre ?
ROQUILLON.
Je l'attends... tout doucement.
HENRIETTE.
Il ne viendra pas.
ROQu'lLLON.
Pardon!... a le contrat.
HENRIETTE, frappant da pied.
Je VOUS dis qu'il ne viendra pas ! Laissez-moi parler...
les instants sont précieux...
ROQUILLON, sirotant son verra*
Allez !
HENRIETTE.
Il y a une heure, M. Fringard est venu chez moi.
ROQUILLON, do même.
Four quoi faire?
HENRIETTE.
Peu importe... mais laissez donc ce verre... (Elle Ini
tape sor le bras.) Nous Causions de votre fille, de vous... il
me disait que vous étiez ici à l'attendre... moi, je lui don-
nais de bons conseils... Tout à coup mon mari, qui ne de-
vait rentrer que plus tard...
ROQUILLON.
Rentre plus tôt... Ça ne rate jamais!
HENRIETTE.
Vous ne connaissez pas mon mari, monsieur... il est
iiorribiement jaloux.
ROQUILLON.
Il a bien tort...
HENRIETTE.
Je fais cacher M. Fringard dans une armoire, et Je tâche
42 LA BOITE A BIBI
de dissimuler mon trouble en achevant ma toilette...
lorsque je vois, dans la glace, mon mari qui prend la clé
de l'armoire et la met dans sa* poche.
ROQUILLON, sirotant tonjours.
Oh ! oh !
HENRIETTE, Jai arrachant son verre.
Mais laissez donc ce verre ! (Elle le met dans sa poche.)
Est-ce une distraction, comme il en a souvent, ou bien se
doute-t-il de quelque chose ? voilà ce que je me demande
avec anxiété... Qu'en pensez- vous?... mais répondez donc,
monsieur... répondez donc!
ROQUILLON.
Je ne sais pas, moi... Quel air avait-il T
HENRIETTE.
L'air désagréable... comme d'habitude... il m'a offert
son bras et nous sommes partis... Alors, j'ai pensé à
vous...
ROQUILLON.
Vous êtes bien bonne .
HENRIETTE.
J'ai dit à mon mari : Si nous prenions M. Arthur en
passant... Vous jugez si ma voix tremblait...
ROQUILLON.
Je le vois d'ici... et il a répondu ?
HENRIETTE.
Il a répondu : Je veux bien !
ROQUILLON.
Alors, il ignore...
HENRIETTE.
Qui sait?... il est faux comme un jeton. Arrivés en bas,
je l'ai prié de m'acheter un bouquet chez la fleuriste qui
est dans la maison, et je suis montée quatre à quatre !
Grâce à Dieu, vous étiez là !
LA BOITB A Blfil ^
ROQOILLON.
Bien tranquille.
HENBIETTE.
Vous comprenez maintenant la situation... H n'y a
^e vous qui puissiez me sauver... il faut que, lorsque
nous rentrerons de l'Opéra, Arthur ne soit plus dans l'ar
moire.
ROQOILLON.
Comment faire?
HENBIETTB.
Vous allez aller chez moi, 26, boulevard Haussmann ;
vous passerez rapidement devant le concierge...
ROQCILLON.
Sans le saluer.
HENRIETTE.
Vous monterez au second. Voici la clé de l'apparte-
ment, (e i: la loi donne.) Il n'y aura personne. J'ai donné
congé aux domestiques.
ROQUILLON.
Très-bien ! après?...
HENRIETTE.
Vous chercherez le cabinet de toilette, vous y trouve-
rez la fatale armoire, et vous crochèterez la serrure...
ROQOILLON.
Diable ! de l'effraction !
HENRIETTE, arec «iolenca.
Aimez-vous mieux qu'il nous lue tous.'
BOQUILLON, effrayé.
Tous 1 non ! C'est que je n'ai jamais appris à crocheter.
Il faudrait un serrurier.
HENRIETTE.
J'en ai un.
ROQUILLON.
OùT
LA BOITE A BIBI
HENRIETTE.
Là!
ROQUlLf ON, à part.
Elle a tout prévu ! c'est une femme supérieure.
HENRIETTE.
Allez le retrouver. (Prêtant l'oreille.) J'entends tousser;
c'est mon mari... allez... allez donc !
BOQUILLON.
Quelle aventure !.... (En sortant.) C'est une femme supé-
rieure, (il disparaît parla porte où est sorti Cassegoul.)
SCÈNE XVIII
HENRIETTE, GROSLAIT, avec nn bouquet, pui»
VÉRANDAH.
GROSLAIT, s'asséyant et posant son bouquet.
Ah! que c'est haut I.... Sommes-nous prêts? il est
riicure.
HENRIETTE.
Oui, partons.
GROSLAIT.
Et Arthur ?
HENRIETTE.
Il est parti devant avec son beau-père... nous nous re-
trouverons là-bas... allons ! (Elle remonte.)
GROSLAIT, se levant.
Je te suis...
HENRIETTE.
Ah I mon bouquet! (Elle le prend.)
GROSLAIT, apercevant Véraudah qui ouvre la porte "du fond.
Vérandah ! (li tire la clé de sa poche et la lui montre de loin.
— Très-bas.) La clé, la clé !
LA BOITB A Bin 45
HENRIETTE, an fond.
Eh bien!... Venez-vous?
GROSLAIT, mement, cachantla clé
Me voilà, chère amie... me voilà ! (ii fait an ngue d'iotoiu-
gence à Véraodab, offre le bras à ta femme et dùparait arec
•U«).
VÉRANDAH, seale.
Il a la clé dans sa poche... je suis tranquille. (Hant.)
Baptiste, nos dentelles ! (Elle rentre aa fond.)
SCÈNE XIX
CASSEGOUL, portant son troD5>eaa de faaties dit et Mt
ouiu», ROQUILLON, pnu BAPTISTE, VÉRANDAH et
Toutes les Femmes.
BOQUILLON, tirant Cattegool.
Mais venez donc !...
CASSEGOOL.
Minute!... faut savoir... où atlons-noos?
ROQUILLON.
26, boulevard Haussmann.
CASSEGOUL.
C'est la daègne !... Elle me lient parole...
ROQUILLON.
Mais venez donc.
CASSEGOUL.
Oui, dépéchons-nous... (Il disparaît par le fond à droite en en-
tminaot Roqaillon. An même moment Baptiste, qui est entré par la
dioiie, premier plan, avec les cbapeaax. Ta ouvrir la porte do fond.
On aperçoit Véranduh et toatea les femmes bavant dn Champagne au*
toor d'ans table.>
3i
46 LA BOITE A BIBI
VÉRANDAH, accotée contre la porte et levant son Terre.
Au mariage d'Arthur !
TOUTES.
Au mariage d'Arthur !
CHCEUR
Et si ça casse i
Etc..
ACTE DEUXIÈME
CHES HEXBICTTE
Un cabinet de toilette à pans coupés. La porte d'entrée dans le pan
coDpé lie gancbe. Une grande armoire dans le pan coupé de droite.
An Tond, ooe toilette arec tons ses accessoires, garnie de rideaax
par deraot; entre l'armoire et la toilette, une fenêtre donnant sur
on balcon. A droite et à gauche, premier plan, une porte avec ten-
ture. Adroite, deuxième plan, une autre porte; à gauche, deuxième
plan, une cheminée avec un écran mobile. Dn même côté, entre la
cheminée et la porte d'entrée, nn placard. Un petitguéridon, à gau-
che, premier plan. A droite«»aD grand diran.
SCÈNE PREMIÈRE
FLORIN E unie, Moffla&t le fea.
Allons, bon ! ça fi:me... (Elle va oavrir la fénètro et retient.)
Ah! ça va prendre ; madame trouvera son feu allumé
quand elle reviendra. (Elle remet l'écran devant la cbemioée.)
Qu'est-ce que j'ai encore à faire avant de me coucher?...
Ah!... ranger la toilette... (Elle va au fond ranger les oLieta
qai sont sor la toilette. Joseph entre tont doocemeal par la feoitre
«■rerU et l'ambrasse lor la eoo.) Ab !
48 LA BOITE A BIBl
SCÈNE II
FLORINE, JOSEPH.
'JOSEPH.
Bonsoir, mademoiselle Florine.
FLORINE.
Hé bien ! Par où êtes- vous donc venu ?
JOSEPH.
Par le balcon ; madame a fait scier deux barreaux de la
séparation.
FLORINE.
Tiens !...
JOSEPH.
On a mis des fleurs pour cacher l'ouverture et, à partir
de ce soir, votre bourgeois a ses petites entrées chez nous.
FLORINE.
Bah ! Je reconnais bien là monsieur. Il est si sournois,
si cachotier I
JOSEPH.'
C'est donc ça que je ne l'ai jamais vu.
FLORINE.
Et vous avez voulu inaugurer le chemin des amoureux.
JOSEPH.
Ça m'était bien dû... C'est moi qui ai été chercher le
serrurier... celui de la rue Maubeuge.
FLORINE.
Monsieur Amable?
JOSEPH.
Il n'était pas chez lui... il a fallu en prendre an autre...
malheureusement.
FLORINE.
A cause, malheureusement?
LA BOITE A BIB1 ¥f
JOSEPH.
A caase qu'il vous fait la cour. (L'embratsaot) C'était
bien plus drôle devant lui.
FLORINE.
Finissez donc... J'ai affaire.
JOSEPH.
Peut-on vous aider?
FLOBINB.
Je veux bien. Prenez ça; nous allons changer les bou-
gies. (Elle lai donne les deux flambeaax et prend ane bowlloire.)
JOSEPH.
Bon... Vous savez que je viens vous prendre après le
bal de madame, et que nous soupons ensemble.
FLORINS, entrant à droite, premier plan.
Si je peux m'échapper.
JOSEPH, la suivant.
Âb! vous me l'avez promis, (lu disparaissent.)
SCÈNE III
ROOUILLON, puis CASSEGOUL, ils ont tons de» les pieds
enveloppés dans des serviettes.
(La seène reste vide un instant. Roqoillon passe la tête par la
porte dn pan coapé de gaacbe, pais il avance une main armée
•l'an rat do cave allamé.)
ROQUILLON.
Personne!... (il entre et regarde aalonr de loi) Voilà le
cabinet de toilette. (Renoount, à dpmi-voix.) Venez!...
CASSEGOUL, même jea.
Nous sommes arrivés?
BOQUILI ON, plaçant «on rat de cave dans an petit porte-bonqaet
qoi se iroove snr la toilalte. Il parla tout bis.
Oui. . entrez; c'est ici... (Casiegoul entre.) Posez vos
outils... vous en aurez besoin.
50 LA BOITE A BIBI
CASSEGOUL, de mèrao.
Pourquoi que vous nous avez fait mettre des serviettes
à nos souliers? On va donc se mettre à table?
BOQUILLON.
J'ai lu ça dans Vidocq... ça assourdit les pas... ça
étouffe le bruit... comprenez-vous?
CASSEGOUL.
Oui, oui! c'est une partie fine... faut du mystère. . faut
du mystère...
ROQUILLON.
Maintenant, orientons-nous... (Regardant antonr do lai.)
Ça, c'est un placard... ça?...
CASSEGOUL, le gnirant.
Vous cherchez quelque chose.^
ROQUILLON.
L'armoire... Ah! la voici... Je suis ému. (Cognant à l'ar-
moire.) Arthur! êtes-vouslà?
CASSEGOUL, étonné.
Arthur!
ARTHUR, dans l'armoire.
Oui, je suis là.
ROQUILLON.
Respirez-vous encore ?
ARTHUR.
Je respire mal... Ouvrez -moi vite.
ROQUILLON.
Tout de suite, (a Cassegoui.) Prenez vos rossignols.
CASSEGOUL.
Mais dites-donc. mais dites donc! alors, c'est la boîte à
Bibi.
ROQUILLON.
La boîte?...
CASSEGOUL.
Qui est chez la bourgeoise à Florine...
LA iiOITE A BIBI 51
BOQUILLON.
Pas de questions!... le Dom de la dame do doit pas être
pi'unoncé !
CASSE GOUL.
Faut du mystère...
ROQOILLON.
Contentez-vous de m'obéir.
CA3SEG0UL.
Qu'est-ce qu'il faut faire?
ROQUILLON.
Crocheter cette serrure.
CASSEGOnL.
Ça me connaît... (ll essaie de forcer la serran de l'armoird.)
ROQUILLON.
Du sang-froid!
CASSBGOOL.
C'est rien du tout. (Essayant nae antre clé.) On ouvrirait
Çd avec un clou. (Il fonrgoone U serrnre.)
ROQUILLON.
Il me semble qu'on va m'arracder une dent... (a Cassa-
goni.) \'.h bien?
CA^SEGOUL.
Elle résiste... C'eàt-il drôle !...
ROQUILLON.
Ce sont les nerfs... Donnez, je vais essayer... (ii prend
les fanises dis et essaie.) Effraction... dans une maison ha-
bitée, (s'arrètant.) Non, je ne peux pas non plus... (Tombant
lar nne chaise.) Reposons-nOUS un peu. (ll s'éponge le front.)
CASSEGOlIL.
Et puis, ôtons nos serviettes ; c'est ça qui nous gène.
ROQUILLON.
Oui. Ça me fait monter le sang à la tète... (iis ôu^nt
Imn lerriettes.)
52 LA fiOITE A BIBI
CASSBGOUL.
Est-ce qu'elle ne va pas venir?
ROQUILLON.
Silence !
ARTHUR.
Dépêchez-vous donc ! on étouffe, là-dedans.
CASSEGOUL.
Il dit qu'il étouffe.
ROQOILLON.
Il manque d'oxygène.
CASSEGOUL.
Qu'est-ce que c'est que ça ?
ROQUILLON.
C'est un gaz...
CASSEGOUL.
Ah ! oui... ça sert à gonfler les ballons.
ROQUILLON.
Si je pouvais lui en faire passer un peu!... Ah! j'ai une
idée... (il va à la cheminée, prend le sonfllet, va l'emplir d'air à la
croiiée et rerient à Cassegonl.) Prenez ça !
CASSEGOUL, prenant le sonfilet.
Moi!
ROQUILLON.
Et soufflez dans la serrure... fort!
CASSEGOUL, soufllaut dans la sermre.
Je souffle!... (a part.) En v'ià une drôle de partie fine!
(Arthur éternae.)
ROQUILLON.
Il s'enrhume. . . Halte !
CASSEGOUL.
11 est assez gonflé...
ROQUILLON.
Silence !... Maintenant qu'il a une bonne petite provi-
sion d'air, recrochetons...
LA BOITE A BIBI 88
CASSEGOUL.
Éclairez^moi.
ROQUILLON, prenant la rat de eafe.
Oui... et du sang-froid... Ça ne va pas encore ?...
CASSEGOUL.
Je vas vous dire... J'ai une spécialité... parce qu'il y a
deux espèces de serrures... il y a celles que je sais ou-
vrir... ça, c'est ma spécialité, et puis il y a les autres...
Éclairez-moi donc !
ROQUILLON.
Le rat va mourir... il me coule entre les doigts... Sa-
pristi ! qu'est-ce que nous allons devenir sans lumière ?
CASSEGOUL.
Il doit y avoir de la chandelle quelque part.
BOQUILLO.V.
Cest juste! (Regardant.) Rien ici. . Je vais voir ailleurs...
Travaillez toujours en m'atteadaôl. (il entre à gancbe, pre<
aier plan.)
SCÈNE IV
CASSEGOUL, pois FLORINS.
CASSEGOUL, leal.
Travaillez!... Et il emporte la lumière... Il croit donc
parler à un chat Y... En v'ià une drôle de partie fine !
FLORINE, venant de la droite, en parlant en dehors.
Elle tient aoe Inmi^re.
Oui, je reviens. (Apercerant Casegonl.) Âh I Quelqu'un I
CASSEGOUL, inrpris.
Mademoiselle Florine !
FLORINE, de même.
Monsieur Âmable ! (A part.) Et de deux. (Elle referme Tire
ment la porte par UqneHeelle eit entrée.).
K4 là. BOITE A BIBI
CASSEGOUL, à part.
Elle va me gêner.
PLORINE.
Gomment êtes- vous entrt^ ici ?
CASSEGOUL.
Mais... par la porte.
FLORINS, regardaDt les fansses clés^ à part
. Ah! je comprends... Il a crocheté la serrure... Faut-il
qu'il m'adore !
CASSEGOUL, à part.
Si je pouvais l'envoyer promener... (n pose ses outils.)
FLORINE.
Je vous avais cependant défendu de venir.
CASSEGOUL, à part.
Elle croit que c'est pour elle... Elle me fait de la
peine.
FLORINE.
Voyons! soyez raisonnable; embrassez-moi, et partez !
CASSEGOUL.
Pour ce qui est de vous embrasser, c'est possible...
(Il l'embrasse.) mais pour ce qui est de partir...
FLORINE.
Chut ! Du bruit... je vais voir... (Regardant au fond.) C'est
Monsieur!!! (Ouvrant le placard.) Mettez-vous là...
CASSEGOUL.
Mais je ne crains rien.
FLORINE, le poussant.
Entrez donc ! (Elle ponsse Catsegool dans le placard et re-
ferme la porte.) Ça y est!...
LA BlITE A BIBI 55
SCÈNE V
GROSLAIT, FLORINE.
6R0SLAIT, entrant par le fond k ganehe.
Vous êtes là, Florine?
PLOBINE.
Oui, monsieur ; j'étais en train d'arranger les robes de
madame...
GROSLAIT.
C'est bien, vous pouvez aller dormir.
FLORINB..
C'est que... je n'ai pas fini...
GROSLAIT.
Vous finirez un autre jour... Laissez-moi...
FLORINE.
Oui, monsieur, (ed sortant.) Un là... un là!... En voilà
de l'ouvrage. (eiIc ilhparait par le fond.)
SCÈNE VI
GROSLAIT, leni.
J'ai lâché ma femme à l'Opéra, après l'ouverture... Je
lui ai dit que j'allais au cercle... et me voilà ! Il s'agit de
faire une toilette de première, pour aller chez Vérandab !
Habit bleu... mon habit à conquêtes... Ah! dans le
divan, (n l'onrre.) C'est commode ; ça ne fait pas de plis,
(il prend l'habit et referme le diran.) Là!... n'oublionS pas d'y
transvaser la correspondance de Vcrandah !... Diable !...
ce sont mes lettres d'introduction, (ii prend les lettres dam
son habit et les met dans la poche de I habit blea.) Voilà! (il pose
l'habit bien sor le ilossier d'une chaise.) .Maintenant, ma cravate
blanche, et une chemise idem. . dans ma chambre, (ii sort
par la droite, <l(oiième plan, en emportant la lomière.)
S6 LA BOITE A BIBI
SCÈNE VII
ROQDILLON, CASSEGOUL, dans le placard.
ROQUILLON, revenant parlaganche, premier plan, arec une lampe
allamée.
J'ai trouvé une lampe; mais l'huile ne voulait pas
monter. C'est toujours comme ça quand on est pressé...
Enfin maintenant, nous allons y voir clair... (Regardant
antour délai.) Tiens! OÙ donc est passé Cassegoul?
CASSEGOUL, dans le placard.
Ouvrez-moi, mamzelle Florine?
ROQUILLON, se retournant vers le placard.
C'est sa voix.
JOSEPH, revenant par la droite.
Florine m'a planté là... ma toi, tant pis ! je file, (il sort
par le balcon sans voir Roqaillon.)
ROQUILLON.
Pourquoi s'est-il fourré là-dedans ?... Ouvrons-lui.
(il va au placard.)
JOSEPH, revenant.
Ah! mon chapeau !.. . (ii le cherche.)
ROQUILLON, ouvrant le placard à Cassegonl.
Venez!...
JOSEPH, apercevant Roquillon.
Oh! quelqu'un! (Dans sa frayeur, il heurte un verre sur la
toilette.)
ROQUILLON, entendant du bruit et se retournant eflrayé.
Hein!... (u repousse Cassegoul dans le placard, dont il referme
vivement la porte.) Un domestique!... Que dire !
JOSEPH, à part.
Le bourgeois!.. 4 pincé !...
LA BOITE A BIBI 57
BOQCILLON, troablé.
Que demandez-vous ?
JOSEPH.
Moi... je... (a part.) Au fait, j'ai un motif I (S'araoçant,
à demi-Toiz.) Chut!... cbut !...
BOQUILLON, étonni.
Quoi chut ?
JOSEPH, de même.
Je suis le cocher de mademoiselle Vérandab I
ROQUILLON, sans comprendre.
Âh ! ah ! vous êtes le cocher ?...
JOSEPH.
Oui, monsieur le baron.
BOQUILLON, à paru
Il me prend pour le baron... (Hant ) Alors?...
JOSEPH.
Chut !... Je venais prévenir M. le baron que ses vœux
sont accomplis. .
BOQUILLON.
Quels vœux ?
JOSEPH.
Monsieur sait bien... les barreaux... Zig!...<;o\ipé8!...
BOQUILLON.
Parfait! parfait!... (A part.) Ayons Tairde comprendre.
(Haai.) Je suis bien aise de savoir ça.
JOSEPH.
Le serrurier vient de finir à l'instant ; il voulait môme
demander un pourboire à M. le baron.
BOQUILLON.
C'est an ivrogne...
JOSEPH.
Comme tous ces gens-là.... mais je lui ai fait compren-
dre que, si quelqu'un avait mérité un pourboire, ce n'était
pas lui.
58 LA BOITE A BEBI
ROQUILLON.
Ahl bon!... (a part.) C'est une carotte... débarrassons-
nous-en au prix d'un sacrifice. . (Haut, — lui donnant de l'ar-
gent.) Tenez, mon garçon.
JOSEPH.
Ah! monsieur le baron peut se flatter d'être un rude
veinard.
BOQUILLON.
Je le crois aussi... mais laissez-moi, mon garçon; j'ai
affaire.
JOSEPH.
Oui, monsieur le baron... Je me permettrai seulement
un petit conseil... J'engage monsieur le baron à brusquer...
avec ma4ame, faut brusquer...
ROQUILLON.
C'est bien; je m'arrangerai pour cela.
JOSEPH,
le me retire. . . (Eu sonant, , il rngarde ce qu'il a dans sa
main.) Dix francs! c'est un rat! (il disparaît par le balcon.)
SCÈNE VIII
ROQUILLON, seai, puis GROSLAIT.
ROQUILLON.
Avec tout ça, j'y suis de mes dix francs. Je les retien-
drai sur la dot... (Apercevant le chapeau de Joseph.) Tiens! il a
oublié son chapeau. (Le prenant et allaat à la fenêtre.) Co-
cher 1... eh! cocher!... (il se penche sur le balcon pour regar-
der.)
GROSLAIT, revenant par la droite. Il est en veston .i ai)partement.
Il va à la cheminée, se regarde, met de l odeur dans son moo'
choir, tout en chantonnant.
Tultul tul...
LA BOITE A BIBI 59
ROQUILLON.
Je ne le vois plus... (ll redescend.)
GROS LAIT, l'aperceTant.
Qu'est-ce que c'est que ça?
noQi'iLLON, k part.
Le mari!... fichtre!...
GROS LAIT, regardant le ebapean à cocarde qoe lient Roqaillon.
Un valet!...
HOQOILLON.
Valet!.,. (A part.) Ah! oui... le chapeau de l'autre, (ii le
■et tor M léle.)
g:;oslait.
Que venez-vous faire ici?
ROQUILLON k part.
Si je pouvais me rappeler... (imitant Joseph.) Chut! chut!
Je suis le cocher de mademoiselle Vërandah!...
GBOSLAIT.
Ah! boni... mais ce n'est pas une raison pour vous
introduire chez moi.
ROQUILLON.
Chut! monsieur le baron peut se flatter d'être un rude
veinard...
GROSLAIT.
Pourquoi?
ROQUILLON.
Les barreaux... zigl... coupés!
GROSLAIT.
Abl très-bien... et tu venais m'avertir...
ROQUILLON.
lilon Dieu, oui... le serrurier vient de terminera l'ins-
tant... un ivrogne... comme tous ces gens<là... il voulait
absolument demander un pourboire à M. le baron.
GROSLAIT.
Il a donc compris de quoi il s'agissait ?
60 l'A BOITE A BIBI
ROQUILLON.
Il l'a compris tout de suite... il a l'habitude...
GROSLAIT.
Et il voulait me faire chanter probablement.
ROQUILLON.
Je le crois... entre nous, je le crois.
GROSLAIT.
Mais tu l'as renvoyé... il est parti... ^
ROQUILLON.
II est parti... j'ai eu du mal; mais il est parti.
GROSLAIT.
Je vois que tu es intelligent... voilà pour toi. (il loi
donne de l'argent.)
ROQUILLON, avec noblesse.
De l'argent!... (Se ravisant, à part.) Si... comme domes-
tique... (il prend l'argent et regarde.) Un louis!... (A part,
gaiement.) Tiens 1 je gagne dix francs.
GROSLAIT.
Maintenant tu peux t'en aller... (Foniliant dans sa poche. y
Ah! attends, tu remettras ceci à ta maîtresse.
ROQUILLON, prenant ce qu'il lai donne.
Une clé?
GROSLAIT.
Oui, c'est la clé de l'armoire, (ii la montre.)
ROQUILLON, à part, sautant de joie.
La clé... quelle chance !
GROSLAIT.
Qu'est-ce qu'il te prend ?
ROQUILLON.
Rien!
GROSLAIT, le poussant dehors.
Elle saura ce que ça veut dire. — Allons, file.
ROQUILLON.
Ouif monsieur le baron... (Revenant.) Âh ! encore un
LA BOTTE A filBI 61
conseil... Brusquez 1... Madame demande à être brus-
quée...
GROSLAIT, impatienté.
C'est bon, ça me regarde... file I
ROQUILION.
Oui, je file... Ah! M. le brone est un rude veinard! (ii
disparaît par 1« balcon.)
SCÈNE IX
GROSLAIT, seni,
il a raison, je suis veinard ; mais le serrurier m'inquiète
(Apercerant les clés de Castegonl.) Tiens! ses outils... l'animal
est donc venu ici?... décidément il veutme faire chanter...
On ne peut plus tromper tranquillement sa femme... c'est
désolant... où les mettre? (ll les jette daos le cabinet, premier
plan à ganche.) Pourvu qu'il ne se soit pas caché quelque
part! (U regarde derrière les rideanx.)
SCÈNE X
GROSLAIT, HKNRIETTE.
IIENRIETTE, entrant par le fonJ, à elK-mcme
J'ai pu m'échapper après le premier acte... Je suis d'une
inquiétude... (Apercerant Croulait). .Mon mari!
GROSLAIT.
Ma femme! (Haat.) Comment ! déjà de retour, chère
amie?...
nENRIETTE, troublée.
Oui... une migraine subite... mais vous m'avez dit que
TOUS alliez au cercle?
GROSLAIT.
J'en arrive... J'en arrive tout droit... Figure-toi que
4
62 LA BOITE A filBI
j'avais entamé une partie de billard avec Becdazur... tu
sais? le petit vicomte... les trois billes étaient collées sur
la môme bande... c'est un coup de galerie;
HENRIETTE, distraite, et regardant autoar d'elle.
Qu'est-ce que c'est que ça ?
GROSLAIT.
Tu vas voir... Impossible de jouer autrement que de-
vant le dos... en officier... je me cambre.,, comme ça...
suis bien!... pour piquer ma bille... Vlan !.,. mon pied
glisse sur une pelure d'orange... bref!... je casse ma bre-
telle, je crève le billard et je me donne un tour de reins...
Voilà ce qu'on appelle un coup de galerie...
HENRIETTE, viremeat.
Un tour de reins.... Mais, mon ami, il faut vous cou-
cher tout de suite... il n'y a que le repos qui vous re-
mettra.
GROSLAIT.
C'est comme toi... pour la migraine; tu sais le pro-
verbe ? il faut paître ou dormir... Je ne veux pas t'en-
voyer... mais va dormir 1...
HENRIETTE.
Non, je ne pourrais pas... Je vais me mettre là... avec
ce journal... en attendant que le sommeil arrive... (Elle
s'assied à gauche.)
GROSLAIT, à part.
Sapristi!.. Elle va me gêner énormément... Ah! il me
vient une idée... ça me réussit toujours... (u remonte.)
HENRIETTE.
Vous ne me dites pas bonsoir?
GROSLAIT.
Non... je vais revenir... une petite surprise... Tu ver-
ras... je vais revenir... (il sort par le fond s gauche.)
LA BOrT£ A BIBI 63
SCÈNE XI
HENRIETTE, paU ROQDILLON, CASSEGODL
et ARTHUR.
HENRIETTE, dtant rapidement ;a lortie de btl.
Il va revenir!... Que veut-il dire?... et ne pas savoir ce
qui s'est passé... L'armoire est encore fermée...
ROQUILLON, frappant aaz carreaux.
Ouvrez!...
HENRIETTE.
Qui est là? (OoTrant la feDêtre.) Comment! c'est vous,
monsieur!... Arthur est-il délivré?
HOQOILLON .
Pas encore... Si vous croyez que c'est commode...
HENRIETTE.
Où est le serrurier ?
ROQUILLOIf.
Dans le placard. (Allant ouTrir le piacard.j Sortez!...
CASSEGOOL, descendant.
J'ai la pépie!... (Apercerant Henrieite.) Tiens! la dame au
oracelet.
HENRIETTE.
Itfon ami, prenez vite vos outils.
CASSEGOOL.
On va encore crocheter...
ROQUILLON.
Non, c'est inutile... j'ai la clé.
HENRIETTE.
La clé... comment?
ROQUILLON.
Je vous expliquerai... Sauvons d'abord mon gendre.
64 LA BOITE A BIBI
HENRIETTE.
Hâtez-vous !
ROQUILION.
La force me manque... Si nous n'allions plus retrouver
qu'un squelette!... Il y a au moins cinq heures qu'il est
là dedans.
CASSBGOUI..
Ah! ben! chez nous on a trouvé une fois un crapaud
dans une pierre d'avant le déluge... il était très-bien
portant.
ROQUILLON.
Ça dépend des espèces... (Mettant la clé dans la serrure.)
Madame, fermez les yeux!... (il ouvre l'armoire. — On toU
Arthur accroupi sur une planche.) Vivant!... mon gendro!...
ARTHDR.
Beau-père!... (ils s'embrassent.)
GASSEGOUL.
Il est dégonflé !
ROQUILLON.
Je n'ai plus de jambes.
ARTHUR.
El moi donc!... Quatre heures de faction.
-ROQUILLON.
Et pas d'oxygène!... Allons, venez.
ARTHUR.
Je vous suis . (Prenant un paquet de lettres dans sa poche et
le donnant à Henriette.) Mais, avant, madame, reprenez ces
lettres que vous m'avez réclamées avec tant de dureté.
HENRIETTE.
Il vous sied bien, monsieur, de me faire des reproches.
(Elle remonte.)
ROQUILLON.
Oh! pas de scène!... Venez- vous...
ARTHUR.
Oui. (ils remontent.)
LA BOITE A BIBI 65
HENRIETTE, à la norte dn (bn.l.
Il est troj. tard... Voilà mon mari!... Cachez-vous!
CASSEGOUL.
Encore!...
HENRIEtTB.
Vite!... vite!... au nom du ciel!...
TOUS.
Disparaissons !... (CasseKoal se cache derrière la portière de
(anrb», Roqnilloo dans l'armoire, Artlior dans le placard.)
HENRIETTE, Toyant entrer Grotlait, à part.
Il était temps!
SCÈNE XII
HENRIETTE, Les trois Hommes caches, GROSLAIT
et FLORINE, apportant one table servie do Champagne.
HENRIETTE, à part.
Ah! ces maudites lettres... où les cacher?... (Elle prend
Tirement an journal et les cache dedans.)
GROSLAIT, à part.
Voiîà mon idée. (H»nt ) Tiens! tu lis le journal... laisse
donc ça... La politique ne regarde pas les.femmes... (il va
porter le journal sor la cheminée.)
HENRIETTE, cherchant k se remettre.
Qu'apportez-vous donc iè?
GROSLAIT.
Une surprise!... J'ai été réveiller Florine ; nous avons
organisé ça.
HENRIETTE, arw effroi.
Tous allez manger ici?
GROSLAIT.
Je te dis que c'est une surprise. Florine, remettez une
bonne bûche.
4.
ce LA BOITE A BIBI
FLORINE, arrangeant le feo.
Oui, monsieur!
GROSLAIT, à part.
J'ai remarqué une chose. Quand je dis des douceurs à
ma femme, elle bâille... si je l'embrasse, elle dort. Je vais
l'endormir...
FLORINE, à part, regardant le placard.
. Et Cassegoul qui est toujours là! Si je pouvais... (Elle
va oarrir doucemeat le placard.)
HENRIETTE, à part, l'observant.
Que fail-elle?
FLORINE, apercevant Arthur.
Ah!... (Elle referme riveraeni la poilo.)
GROSLAIT.
Quoi?
Rieii, monsieur.
xSortez!...
FLORINE.
Oui, madame... (£■ sortant.) En v'ià une affaire!... C'est
celui à madame î (Elle disparaît par le fond.)
HENRIETTE, à part.
Queilo leçon I... (Kani.) Me direi-vous maintenant ce
que cela signifie ?
GMOSLAIT, très-aimable.
ïu ne devines pas ?
HENRIETTE, cerveos*.
J«^ ne suis pas en train do deviner.
GROSLAIT.
Quelle date sommes-nous aujourd'hui?
HENRiETTK.
Le â6 mars.
FLOKJNE.
HENRIETTE.
LA BOITE A BIBI 67
GROSLAIT.
L'anniversaire de notre mariage. Il y a juste cinq ans
que tu fis de moi le plus heureux des hommes.
HENRIETTE, baDMaot let épaalM.
Eh bien ?
GROSLAIT.
Eh bien ! tu sais que je ne laisse jamais passer cet an-
niversaire sans le célébrer.
HENRIETTE, à part.
Ah! mon Dieu! il m'effraye! (uaat.) Hippolyte, vous
n'y pensez pas... et votre tour de reins...
ftROSLAIT, trè«-aimable.
Près de toi, je l'oublie... Elle est si jolie, ma Louloute...
Laigae-moi te retirer ce collier qui te gâne. eu détache les
booeies d'oreilles et le collier.) Tu es encore bien plus gentille
sans rien... (Il Ta à la chemiDée et, en remettant les bijoux dans
l'écriD, il fait tomber le journal et les lettres. — A part.) Tiens! les
lettres de Vérandab... Je croyais les avoir mises dans ma
poche... où avais-je la tète ? (Ii les met mement dans tapocbe.)
ROQUiLLON, dans l'armoire, passant la tète et voyant ce jeu de
Les lettres de sa femme !... Il les met dans sa poche!...
CASSEGOUL, passant sa t£te.
J'ai soif I ... (Koqnillon et Arthur tortcot on peo de leur cachette
et lai font sit;n« de rentrer.)
HENRIETTE, effrayée.
Ohl
GROSLAIT, reTenaat et prenant la taille de sa femme.
Quoi ?. • . (Lee trois hommes ae cachent. )
HENRIETTE, virameat.
Cest ma migraine.
GROSLAIT.
Pauvre chérie I...
68 LA BOITE A BIBI
HENRIETTE, à part.
Quelle position ! (Haut.) Vous allez vous agiler, et vous
ne pourrez plus dormir.
GROSLAIT.
Ça m'est égal... aujourd'hui !.,.
BENRIETTB.
Vous feriez bien mieux de prend/e votre pollen au
laudanum... Je vais vous la préparer.
GROSLAIT.
Mais non...
HENRIETTE, préparant un Terre d'eao,
d'an air très-aimable.
Si, je le veux!... (EUevaà la toilette et prend un petit flacon.)
GROSLAIT.
Tu sais... six gouttes... pas plus.
HENRIETTE.
Oui... (Elle verse le contenu dn flacon dans le verre, à part.)
Vingt gouttes... avec ça, il dormira. (Lui présentant le verre.)
Tenez!...
GROSLAIT, prenant le verre.
Tu veux, méchante! (a part.) Plus souvent que je
boirai ! (Haut.) Eh bien! tout à l'heure, (ji pose le verre sur le
petit guéridon de gauche.) Te rappelles-tu le jour de notre ma-
riage?... comme on s'est embêté!... Je n'ai jamais vu une
noce où on s'est tant embêté... mais par exemple, quand
on nous a laissés seuls, j'ai joliment ri... Tu étais drôle..
tu criais : maman I... maman 1 Alors, moi...
LES TROIS HOMMES, cachés, répétant.
Maman!... maman 1...
GROSLAIT, à Henriette.
Comment, encore ! . . .
HENRIETTE, inquiète.
Il est inutile de rappeler cela.
LA BOITE A BIBI 69
GROSLAIT.
Ne sommes-nous pas seuls ?
HENhIETTB, mement.
Certaioemenl. .. bien seuls... mais je tombe de sommeil
maintenant.
GROSLAIT, à part.
Je savais bien que je l'endormirais... Brusquons!
HENRIETTE, à part.
Quel supplice ! (Hant, d'on toji soppiiaDt.) Hippolvte !
GROSLAIT, l'asseyant snr le divan et j faisant asseoir
Henriette.
Non... non... c'est l'anniversaire !... ii l'embrasse. A co
moment Cassegoal passe le bras k travers le lideau et prend le Terre
qni est sur le guéridon, à sa portée. Groslaii l'aperçoit et s'arrête, à
part, en se lerant.) Hein!... uobras!... (Caesegoal repose le
verre.)
HENRIETTE, à part.
Oh!!!
GROSLAIT, à lai-mème.
C'est le serrurier!... Il n'était pas partit...
HENRIETTE, très-émoe.
Qu'y a-t-il, mon ami ?
GROSLAIT.
Rien!
HENRIETTE, à part.
J'ai cru qu'il l'avait vu !... (Brait de sonnette.)
HENRIETTE.
On sonne I
GROSLAIT.
A cette heure-ci... c'est singulier l
FLORINE, entrant.
C'est une bonne qui voudrait parler à monsieur!
GROSLAIT.
A moi T.. .
70 U BOITE A BIBI
FLORINE.
Elle dit que c'est très-pressé.
HENRIETTE.
Il faut voir ce que c'est, mon ami.
GROS LAIT, hésitant.
C'est que... Oui... oui... j'y vais... (ii sort par le fondsnivi
deFlorine.)
SCÈNE XIII
HENRIETTE, ROQUILLON, ARTHUR, pois CASSEGOUL.
A peine est-il sorti que Roqnillon et Artbnr se précipitent en scène.
ARTHUR.
Vite, filons!...
ROQUILLON.
Oui... (Il remonte.)
ARTHUR, le retenant.
Attendez ! . , . et le serrurier. . .
ROQUILLON.
C'est vrai, nous ne pouvons pas partir sans «lui. (Allant
an rideau.) En route, Cassegoul !... (H tire le rideau. Cassegoul
tombe. sur lui.) Eh bien, qu'est-ce qu'il y a?
ARTHUR.
Il dort.
HENRIETTE, prenant le verre.
Ahj mon Dieu! il a bu la potion... vingt gouttes d'o-
pium.
ROQUILLON.
Grediri d'ivrogne!... (Le secouant.) Veux-tu te réveiller !
(Cassegoul ronfle.)
ROQUILLON, rêvant.
Mon sac... ton amour pour mon sac!...
LA BOITE À filBI 71
BOQUILLON.
?eax*ta te taire... scélérat !
ARTHOR.
Qu'est-ce que nous allons en faire?
ROQUILLON, avee lorea.
Il faut qu'il disparaisse.
HENRIETTE.
Comment ?
ROQUILLON4
De rénergie! ... pas de demi-me.<:ure8 1 Jetons-ie par la
fenôtrel
HENRIETTE, effrayée.
Ohl
ROQUILLON.
La nuit est noire... ça ne se remarquera pas. (u prend
Ceesegoal par les épaales.)
ARTHUR, le prenant par les piedi.
Non... c'est trop énergique I
HENRIETTE, qai est remoDtJe.
Mon mari!... il revient!
ROQUILLON et ARTHUR.
Ah !{lU licbeat Cassegoal, qoi tombe ao miliea du théâtre ea
boagODoaot.)
HENRIETTE.
Tirez la table dessus.
ROQUILLON.
Oui... (lit tirent la table 'I < f-o à ce qoe Gaeiegoal soit caché
deaioiu, étenda les pieds du c6ié da public.)
HENRIETTR, an fond.
Le voilà!...
ROQUILLON et ARTHUR.
QufcMe nuit!... Quello nuit!... (Kuquiiioa to «aufe «or la
balcon, Artbu* t'accroopit derrière l'écran.)
72 LA COITE A BIBt
SCÈNE XIV
Les Mèmks, GROSLAIT, FLORINE.
GROSLAIT, entrant une lettre à la main^ saivi dei Florine»
A table 1... Florine va nous servir.
HENRIETTE, très-lroublée.
Oui, mon ami... à table!... (Elle se laisse tomber sur un
fauteuil à droite de la table. — Florine va prendre un coussin, qu'elle
lui met derrière le dos.)
GROSLAIT, à part.
La voilà réveillée... il n'y a plus que le Champagne. (En
passant près du rideau, il donne un coup de poing dedans; — à demi-
voix.) Ne bouge pas... toi!... (a part.) Tiens! il n'y est
plus.
FLORINS, an fond, apercevant Cassegool.
Ah! (A part.)Cassegoul!
GROSLAIT, tombant assis à gancbe de la table.
Quoi ?
FLORINE-
Rien, monsieur.
GROSLAIT.
Que cette fille est ridicule avec ses exclamations.
FLORINE, à part.
Pauvre garçon ! lui qui n'aime pas à avoir la tète basse.
(Elle reprend le coussin d'Henriette et le glisse sous la tête de Gas-
BCgoul.)
GROSLAIT, à part.
Où est-il passé? (Haut à Henriette.) C'est gentil, de souper
comme ça. (n sert.)
HENRIETTE, cherchant à se remettre.
Très-gentil... Qui est-ce qui te demandait?
GROSLAIT.
Tune devinerais jamais... Figure-toi... fli aoerçoii lei
LA BO Tiî A Blfil 73
piods de Câwjooi. — A p»rt.) H est là-dessous, l'ivrogne!
HENRIETTE.
Hé bien ?... (\ part, rf gardant de cdté.) Les pieds passent !
(Elle cire doucement la nappe en araot.)
GROSLAIT.
Figure-toi... (a part.) Si je pouvais cacher... (Même jeu
qn'Henrietie. — Hani.) Figure- toi que c'est madame Ro-
quillon, la belle-mère d'Arthur...
HENRIETTE, même jea tont en parlant.
Mais elle ne vous connaît pas.
GBOSLAIT, même jeu.
Ça ne fait rien... Il paraît qu'elle ne sait pas ce qu'est
devenu son mari, ni son gendre... On les cherche partout.
Alors elle me faisait demander s'ils ne seraient pas ici...
par hasard.
HENRIETTE, riant nerreasemeot.
Quelle idée!... Tu as répondu que non.
GROSLAIT.
Bien entendu. (La nappe eu tonte tirée eo arant et lâs objet»
qni sont deuns sont sur le point de tomber.)
FLORINE, au fond, à part.
On voit la léte. (Elle tire la nappe en arrière.) i
GROLAIT, à part.
Bète de fille!
HENRIETTE, à part.
De quoi se mèle-t-elle ? (Bmll de ploie au dehors.)
GROSLAIT.
Tiens I la pluie... c'est getiiil ^ie souper comme ça...
Du Champagne, Florine 1
FLORI- .
Oui, monsieur. (Elle sort.)
ARTHOR, derri«'« l'écran.
Quelfeul... je cuis...
74 LA. BOITE A BIBI
ROQUILLON, à la fenêtre.
Il pleut à verse... je gèle. (lU se mettent tous deux à qaatre
pattes et se rencontrent au milieu du théâtre au fond, puis se cachent
sous la toileite, dont ils referment les rideaux.^
HENRIETTE, qui a suivi ce jeu de scène avec effroi. — A part.
Mais qu'est-ce qu'ils font ?
GROSLAIT.
C'est drôle, c^s deux hommes qui disparaissent un jour
de contrat... pas de futur... c'est drôle !... Vatel s'est
tué pour moins que ça.
FLORINE, revenant.
Monsieur, voilà le Champagne. (Cassegoui ronfle sous la
table.)
GROSLAIT, HENRIETTE el FLORINE effrayés, à part.
Oh I... (Pour masquer lo bruit, Groslait chante en tapaot sur son
verre, îienri&tte tousse et Florine secoue une pile d'assiettes.)
GROSLAIT, donnant un coup de pied sous la table.
Te tairas-tu, sac à vin 1 (Le bruit cesse.)
HENRIETTE, à part.
Il y a de quel mourir! (On entend sous la toilette un bruit
de porcelaine brisée. — Roquillon et Arthur passent kurs têtes par les
trous des cuvettes de la toilette.)
ARTHUR, bas à Roquillon.
Beau-père, qu'est-ce que vous avez donc cassé là-dedans ?
ROQUILLON.
Je ne sais pas... mais c'est bien humide, (il éternue. —
Ils disparaissent.)
GROSLAIT, à part, regardant sa femme.
Elle ne dort pas du tout. . Il faut en unir.
HENRIETTli, à part.
CiOmment l'éloigner ?
GROSLAIT.
Dis donc, ma louloute !... Si, pour terminer la soirée»
nous faisions un petit jaquet ?
LA BOITE A BIBI f^
BENBIBTTB, fiTameiit.
ie veux bien.
ABTHUR, passant la téta.
Est-ce qu'Us vont rester là toute la nuit?
ROQUILLON, mémejea.
Je m'enrhume (le plus en plus, (il étemne.)
HENRIETTE, à Groilail.
Va chercher la boite.
GROSLAIT.
Non, toi... mon tour de reins me reprend.
HENRIETTE.
Et moi, ma migraine...
GROSLAIT, avec colire.
C'est unparii pris de ne rien faire pour moi aujourd'hui.
(Il tapfl sur la table. CaiMgoul pousse uo géffllssemeni.)
HENRIETTE, effrayée.
J'y vais mon ami, j'y vais... (a pari eo soriani) Ah!
quelle nuit ! (Elle disparaît par la gaocbe, premier plan.)
SCÈNE XV
LbS MÊMES, moins HENRIETTE.
GROSLAIT, meraeol, à Florine.
A nous deux maintenant I Prends celle table. (Lai mon'
traat Cassegooi.) Tu vois cet homme?
FLORINE, plearanl.
Monsieur, ce n'est pas de ma Taule.
6R0SLA1T.
Malheureusement! Mais, si tu dis un mot à ma femme,
je t'étrangle.
FLORINS, à part.
Il e6t foui
76 LA BOITE A BIBI
GROSLAIT.
Aide-moi.
FLORINE.
Oui, monsieur. (Elle prend Cassegoul sons les épanles )
GROSLAIT.
Enlevons! (lis sonlèveat Cassegool.)
HENRIETTE, en dehors.
Florine!
FLORINS.
Madame m'appelle. (Elle lâche Cassegoal, qai tombe assi; .
le fantenil.)
GROSLAIT.
Vas-y... non, n'y vas pas ! (Voyant revenir Henriette, il î^iii
vivement asseoir Florine sur Cassegoul, de manière à le cafhor.j
Reste làl
SCÈNE XVI
Les Mêmes, HENRIETTE.
HENRIETTE, paraissant à gaaeb».
Florine!... Comment!... assise?
GROSLAIT.
Elle a une faiblesse dans lesjambes... Je lui ai permi?. .
elle n'a pas les jambes fortes.
HENRIETTE.
J'ai besoin d'elle pour porter la boîte; c'est trop lourd.
GROSLAIT.
Je vais avec toi... ça me fera du bien... Il me faut de
l'exercice.
HENRIETTE.
Comme vous voudrez... (Elle aisparatt.)
GROSLAIT, bas à Florine.
Fourre-le dans le canapé, ou je t'assassine! (il sort ior-
rière Heoriett«i)
LA BOITE A BIBl ^^
SCÈNE XVII
RORINE, ROQUILI.ON, ARTHUR, CASSEGOUL.
PLORINE, ooTrant le canapé.
Pans le canapé... je ne pourrai jamais! (Elle essaie de »ou-
ierer Cassegoal.
ROQUILLON et ARTHOB, sortant de lenr cachette.
Elle est seule... à nous...
VLOBINE, stnpéfaile, laissant retomber Cassegonl sur le fanlenil.
Ah! d'où sorlenl-ils?
ROQOILLON.
Mience! où tu es morte!... (Lui montrant les jambes de
a.8«<.ai.) Empoigne-le, par les brancards... (11$ saisissent
iM» trois Casaegool. On entend une musique de danae.)
ARTHUR.
OÙ le conduisons-DOus?
ROQIJILLON.
Par le balcon... chez la voisine. Je connais une issue.
ARTHUR.
Chez Vérandah?... mais on y danse.
ROQUILLON.
li passera pour un invité. (lU oat roolé Cauegonl sur le
ftilcon.;
ARTHUR, revenant.
Il lui faudrait un habit.
FLORINS, désignant l'habit de Gcoilait, «nr nne chaise.
Kn voici un.
A iTHUR, prenant l'habit et le jetant .=\ Florine, qui le rejelU h
Roqaiilon sar le balcon.
Voilà!
BOQUILI^N.
: > irilett...
7d LA BOITE A BIBI
FLORINB.
Dans le canapé!
ARTHUR.
Bon! (il oarre le divan, y prend an gilet qu'il jette à Roqnll-
lon.)
ROQUILLON.
Un pantalon ?
ARTHUR.
Attendez!... (il se penche dans le canapé pour chercher.)
HENRIETTE, reparaissant à la porte de ganche, d'une voix
haletante.
Mon mari !
FLORINE.
Ah! (Elle fait basculer Arthur dans le divan, referme le couvercle,
et s'assied dessus. Roquillon tire la fenêtre à lui et disparait.)
SCÈNE XVIII
GROSLAIT, HENRIETTE, FLORINE.
6P.0SLAIT, apportant an trictrac.
Voilà! (Apercevant Florine.) Tiens!... assise?...
HENRIELTE, vivement.
Je lui ai permis... elle n'a pas les jambes fortes.
GROSLAIT.
Qu'elle aille se coucher. (Fioriae §e lève, bas.) Y est-il?
FLORINE, bas.
11 y est!...
GROSLAIT.
Bon!... (Haut.) Va...
FLORINT, à part.
Et ce pauvre Cassegoul, qu'est-ce qu'il devient? Ah I il
faut que je sache... (Elle disparait par la fenêtre.)
LA BOITE A BIBI 70
OMOSLAIT, l'aMejant sar le difao, où il a posé le trie-trac; à
Henriette.
Donne moi le journal... pour caler la boite.
HB.NRIETTK, allant à la cbemiDée.
Oui, mon ami...
GBOSLAIT.
Là bas. (a pan) Que diable est devenu Arthur?
HENRIETTr^ à pari.
S'il savait qu'il est assis dessus !
GBOSLAIT.
Eh bien! ce journal?
HENRIETTE, le prenant.
Voilà!... (a part, arec stnpear.) Ah! les lettres n'y sont
plus.
GBOSLAIT.
Viens donc jouer t.. .
ACTE TROISIÈME
CHEZ VKBAKDitH
Cta salon. — Dans le pan coupé de droite, une porte donnant sur d'aa-
tres salons. — Dans le pan coupé de gauche, la porte d'entrée. — A
{gauche, premier plan, une porte; au deuxième pian une fenêtre. — A
droit,, premier plan, une porte; au deuxième plan, un buffet-étagère
.<!nr lequel sont des iissieites charpécs de petiis fours et de sirops. —
An fond, nne cheminée, avec glace sans tain. — Au miliea de la
ft)..i une petite table. Fauteuils, chaises, etc.
SCÈNE PREMIÈRE
ROQUILLON, CASSEGOUL endormi, FLORINE.
An l< vi:r du rideau, Roquilloii et Fîorine entrent par la fenêtre, ponssant
devant eux le fautenil dans lequel Cassegoul est endojmi.
ROQUILLON.
Nous sommes chez Vérandah?
FLORINE, poussant Cassegoul.
Oui, monsieur...
ROQUILLON*, même jeu.
Ce serrurier a le sommeil lourd... Où allons-nous le
mettre?...
FLORINS.
Devant la table.
LA BOITK A BlU 81
ROQUILLON.
Oui... on le prendra pour un invité... (ik placent CaiseKoal
deraot la ubie.) Passe-moi un veire et des gâteaux.
FLORINS, allant an bnffet.
Oui, monsieur... (Elle apporte les objets demandés et les donna
k Roqoillou, qui lea place devant Cassegool.)
ROQUILLON.
Là!... Donnons lui maintenant une pose naturelle... (n
ni met an gâteau et un verre dans les mains.— Le wgardaLi.) 11 d
bien l'air d'un invité...
PLORINB.
Pas trop propre, par exemple...
ROQUILLON.
C'est vrai... Si on pouvait lui donner un coup de brosse..
OÙ mettent-ils les brosses, dans ce pays-ci?... (Fouillant dans
1» buffet.) Ah! en voici une.... (il bro5se Cassegonl.) Làl...
FLORINS.
Âh! cette pauvre madame!... Quelle nuitl... quelle
nuit!...
ROQUILLON.
Et ce n'est pas fini... Son mari qui a trouvé ses lettres
sur )a cheminée...
FLORINS.
Des lettres!...
ROQUILLON.
Je l'ai vu de mon armoire...
PLOaiNB.
Il faut la prévenir.
ROQUILLON.
Oui, tu as raison... deux lignes au crayon, (ii prend dmt
u poche un curoet et écrii vivpment.^ « Madame, votre mari a
» vos lettres dans sa poche. Prôad* i^aide aux coups dn
» corow... *
8.
82 LA BOITE A BIBI
FLORINE.
C'est qu'il est brutal, monsieur.
ROQUILLON, déchirant le feuillet et le donnant à Florine.
Remets ça à ta maîtresse... adroitement... si tu peux.
FLORINE.
Oui, monsieur. (Elle son par le balcon.)
ROQUILLON.
^a!... (A lui-même,) J'ai fait mon devoir... Je puis rentrer
dans ma famille le front haut... Mais que doit dire ma
femme?... et ma fille!... et le notaire!... Si je leur portais
quelques petits fours?... ils verront que j'ai pensai à eux...
Oui ! (U bourre ses poches de gâteaux.)
CASSEGOUL, rêvant.
J'ai soif... j'ai la pépie...
ROQUILLON.
On dirait qu'il va se réveiller... Ah! ma foi ! tant pis !
Arthur me rejoindra... je file à la maison... (il sort par le fond
à gauche. — Pendant les dernières répliques, un quadrille s'est formé
dans le salon dn fond. — On danse.)
SCÈNE II
CASSEGOUL, VÉRANDAH JOSEPH.
CASSEGOUL, seul, se réveillant peu à peu.
Hein!... oîisqueje suis?... des dorures... des bougies...
des fauteuils élastiques... et de la consommation plein les
mains... (il goûte.) pas mauvais... (Se levant et regardant an
fond.) On gigotte par là... c'est un bal... Mais qu'est-ce
qui m'a conduit ici?... c'est une féerie... Allons, boni... on
m'a rogné ma redingote ! C'est-il drôle, tout ce qui m'ar-
rive ce soir!...
VÉRANDAH, entrant avec Joseph.
Joseph!... rangez tout cela et passez des rafraichisse-
ments par là...
LA BOITE A BTBf 83
JOSEPH, eoleraot tout ce ']ai est sxu U tabla.
Oui, madame... (il sort.)
CASSEGOUL, à part.
Marne Yërandab!... alors, je suis chez elle...
VÉRANDAB, k part.
Ce pauvre Arthur !... doit il s'ennuyer dans sa petite
armoire !
CASSBGOin., k part.
Elle m'attend... elle me désire. (s'aTancaoï.) C'est moi...
vol'santë est bonne ?
VÉRANDAH.
Le serrurier !... Eh bien ! vous arrivez à une belle
heure...
CASSEGOUL.
Ne m'en parlez pas... il m'est survenu des histoires....
Bn6n, je vous avais promis de venir... me v' là... et d'atta-
que....
VÉRANDAS.
Trop tard, mon ami ; j'en ai pris un autre...
CASSEGOUL.
Comment! un autre?... Mais puisque j'ai fait tout ce que
m'a dit votre domestique... j'ai soufflé dans la serrure,
j'ai ouvert l'armoire.
VÉRANDAH.
Quelle armoire ?. . .
CASSEGOUL.
Eh bien ! la botte à Bibi... où était le jeune homme,
qui manquait de gaz...
VICRANDAU.
Arthur I...
CAMBOOUL.
Mais oui.
VÉaANOAH.
Alors, il est libre ?
84 LA BOITE A BIBI
CA.-SKGOUr..
Ah ! je te crois ! Comme l'oiseau du bocage.... donc
que j'ai droit à la récompense... (il se met à genoux.)
VÉRANDAil, lo faisant tomber avec colère.
Imbécile I un plan si bien combiné... ah ! comme il doit
rire...
CASSEGOUL, à part.
Mais qu'est-ce qu'elle a?... c'est une lubie...
SCENE m
Les Mêmes, AKTHUR.
ARTHUR, entrant par le balcon.
J'ai pu sortir enfin de mon coffre... le beau père doit
ni'altendre. (il remonte un peu.)
CASSEGOUL.
Alors, je m'en vas.
VÉRANDAH, apercevant Arthur.
Lui !... (Bas à Cassegoul.) Non, restez ! (Elle le fait asseoir
et se met deTant lui pour le masquer.)
CASSEGOUL, bas.
Alors, c'est changé?
VÉRANDAH, impériensement.
Restez !
ARTHUR, descendant sans la voir.
Je ne l'aperçois pas... ma foi!... (il va pour sortir.)
VÉRANDAH, à Arthur.
Bonsoir, mon cher.
ARTHUR, contraria.
Vérandah I
VERANDAH.
C'est bien gentil à toi d'être venu.
AnXHUR.
N'est-ce pas ?
LA BOITE A BIBI 89
CASSSEGOUL, à part.
J'ai la pëpie.. . (ll te lève et Ta aa buffet, on il se met k boire
•t à manger.)
ARTHUR.
Par malheur, je ne resterai pas longtemps... j'ai af-
faire...
VÉRANDAH, à demi-Toix.
Voyons!... sois gentil, reste. Je renverrai mes invités le
plus tôt possible, et nous prendrons une tasse de thé... Tu
sais comme je le fais bon...
ARTHUR.
Non... Il faut que je m'en aille.
VÉRANDAH.
Je te dis que tu ne partiras pas. Je ne veux pas que tu
te maries.
ARTHUR.
Permets-moi de rire un instant.
VÉRANDAH.
De rire, oui... de t'en aller, non !...
ARTHUR.
Et le moyen de m'en empêcher, mon bébé ?
VÉRANDAH.
C'est bien simple.... Je sais où tu as passé la soirée....
Le baron, va venir... je vais tout lui dire...
ARTHUR.
Il ne le croira pas...
VÉRANDAH.
J'ai des témoins...
ARTHUR.
Fais voir ?...
86 Là. BOIT F A BIBI
SCÈNE IV
Les MÊMES, GROSLAIT.
GROSLAIT, entrant par le balcon.
Tiens, Arthur!... Par quel hasard ?
ARTHUR, à part.
Le baron !...
GROSLAIT.
Vous n'êtes donc pas à votre contrat ?
ARTHUR, embarrassé.
Si... C'est-à-dire non... voila ce que c'est... il me man-
que un témoin... alors, j'ai pensé à vous...
GROSLAIT.
Désolé, mon ami; mais j'ai promis toute ma soirée à Vé-
randah...
CASSE GOUL, s'avançant
Et quand on promet, faut tenir...
GROSLAIT, le regardant.
Hein 2
ARTHUR, à part.
Le serrurier!
VÉRANDAH, bas à Arthur.
Mon témoin.
GROSLAIT, à VëranJah.
Quelle est cette personne ?
VÉRANDAH, regardant Arthur.
Cette personne... c'est...
ARTHUR, bas à Vérandali.
Tais- toi... je reste...
VÉRANDAH, à part.
Allons donc!.. (Haut à Griisiait.) Mon frère... baron.
CASSEGOCL, à part.
Elle est forte, celle là...
LA BOTTE A BIBI 87
VÉRANDAH.
Mon frère, que je vous présente...
GROSLAIT, de rnâme.
Votre frère !... (u saine CattsKoni toQt en l'examinant.) Mon-
sieur...
CASSBGOUL, salaant.
Votre serviteur!... de tout mon cœur... ça va bien?....
La santé est bonne?...
VÉHANDAH, bas à Cusegool.
Embrassez-moi...
CASSBGOUL.
Volontiers... encore une lubie! (m'embraue.) Ma sœur!
ma bonne sœur 1...
VÉRANDA H.
C'est un marin...
ARTHUR.
Capitaine au long cours.
VÉRANDAH.
Il arrive du Japon, où il est resté quatorze ans en ob-
servaiion...
ABTHOB.
Quatorze ans...
VÉRANDAH, k Cassegool.
N'est-ce pas?...
CASSEGOUL.
Quatorze ans, ni plus, ni moins, (a pan.) Quelle farce!
je ne sais pas seulement dans quel pays que c'est. (Bm-
braasant Vërandah.) Ma sœur... ma bonne sœur!
GROSLAIT.
Il parait vous aimer beaucoup...
VÉRAUDAH.
n y a si longtemps que nous ne nous étions vu»! (ACaa-
tegoni.) Aussi, je veux que tu restes près de moi toute la
soirée.
88 LA BOITE A BIBI
GASSEGOUL.
Tu plaisantes... Toute la soirée... et après aussi. (Voulant
l'embrasser.) Ma sœur!...
YERANDAH, le repoussant. — Bas.
Non assez.... (Haut.) Donne-moi le bras et rentrons dans
les salons, (ini prenant le bras.) Allons...
GASSEGOUL.
Marchons... (a part, en sortant.) Me v'ià de la famille.
VÉRANDAH.
Vous venez, Arthur?...
ARTHUR.
Je vous suis...
CASSEGOUL.
Ma sœur... ma bonne sœur!... (il sort par le fond avec
Vérandah.)
SCÈNE V
GROSLAIT, ARTHUR.
ARTHUR, à part.
Elle me tient... Je suis emmailloté.
GROSLAIT.
Arthur I...
ARTHUR.
Baron?...
GROSLAIT.
Vous me trompez !
ARTHUR.
Moi!
GROSLAIT.
Pourquoi vous faites-vous le complice de ce mensonge?
Vous savez bien que cet homme n'est pas son frère.
ARTHUR, inqniet.
Vous ne le croyez pas?...
lA BOITE A BIBI 89
GROSLAIT.
Non... car ce n'est pas au Japon, c'est chez moi qu'i
ëtait en observation tout à l'heure...
ARTHUR, effrayé.
Vous l'avez vu?...
GROSLAIT.
Parfaitement!... que faisait- il chez ma femme?
ARTHUR.
Ah! vous la soupçonneriez.
GROSLAIT.
C'est le premier devoir d'un mari. Je vais rinterroger...
(l! remoole.)
ARTHUR.
Arrêtez, baron... J'avais promis de me taire; mais, du
moment que vous accusez votre femme... la vertu même!...
je dirai tout.
GROSLAIT.
Tout quoi ?
ARTHUR.
L'homme qu'on vient de vous présenter n'est ni marin,
ni japonais.
GROSLAIT.
Ahl... vous en convenez!...
ARTHUR.
C'est un riche espagnol. Don Inigo Inès de San Patarès.
GROSLAIT.
Un hidalgo!...
ARTHUR.
Amoureux fou de Yérandah I... Elle l'avait consigné à
sa porte; mais lui, tenace comme tous les Andalou^ il
avait Juré qu'il rentrerait par la fenêtre... et aujourd'hui
il a gagné à prix d'or le domestique.
GROSLAIT.
Le cocher... je le connais...
90 LA BOITE A BIBI
ARTHUB, étonné.
Ahf
6R0SLAIT.
Un coquin!... Quand il me tombera sous la main...
ARTHUR, continnant.
Le cocher... qui l'a introduit chez vous sous les habits
d'un serrurier.
GROSLAIT.
Pourquoi chez moi?...
AnTHUR.
Il vous savait à l'Opéra, et il l'avait caché là, en atten-
dant l'heure propice de lancer le Biscaïen sur Vérandah.
GROSLAIT.
Le Biscaïen... Vous disiez tout à l'heure un Andalou.
ARTHUR.
Eh bien! sans doute... Andalou par sa mère, el Biscaïen
par son père.
GROSLAIT.
Bon! bon!... Alors, pourquoi cette fois ne l'a-telle pas
jeté à la porte?...
ARTHUR, embarrassé.
Pourquoi?... pourquoi? (a l'oreille.) Il lui a proposé de
l'épouser... mon cher.
GROSLAIT.
Pas possible!...
ARTHUR.
Positivement!... A votre place, je renoncerais à elle...
et je retournerais tranquillement me coucher chez moi..
GROSLAIT.
Puir sans combattre!... tu ne méconnais pas... Il ne sera
pas dit qu'ils se seront moqués de moi tous les deux. Vé-
randah m'a promis une tasse de thé après le bal... si c'est
le castillan qui la boit!...
LA BOITE A ilIBI 94
ARTHUR.
Que fèrez-vous?...
G ROSUIT.
Tu verras... (ll remonte.)
ARTHUR.
Où allez- vous?
GROSLAIT.
Chercher des armes!... (n sort Tifement par le btleon.)
SCÈNE VI
ARTHUR, pnu ROQUILLON.
ARTHUR, (enl.
Il faut absolument que je fasse disparaître le serrurier...
S'il cause avec le baron, tout est perdu.
ROQUiLLON, entrant par le fond, à gaoche.
Mais qu'est-ce que vous faites donc?... On n'attend plus
que vous... Je viens vous chercher.
ARTHUR, remontant.
Je n'ai pas le temps... plus tard!... Attendez-moi...
(m sort Tirement par le fond, à droite.)
ROQUILLON, senl.
Le voilà encore parti... c'est une anguille... (s'arançant
i. la rampe.) J'arrive de chez moi... Ah! c'est ma femme
qui m'a reçu!.. J'ai cru qu'elle allait me battre... Ça lui
arrivera un jour ; elle est si violente!... Elle avait déjà la
main levée; mais j'ai avancé mes petits fours... ça lui a
fermé la bouche... mais c'est le notaire qui n'est pas con-
tent... Il est nerveux! 11 n'y a que ma fille qui supporte
ça très-bien... Son cousin Hector est si gentil pour elle!...
Sitôt qu'il aperçoit un nuage sur son front, il l'embrasse,
et le nuage disparaît! (Remontant.) Sapristi! mais Arthur
ne revient pas.
92 l'A BOITE A BIBI
JOSEPH, entrant arec un plateau chargé de glacei.
Monsieur désire-t-il une glace ?
ROQUILLON,
Une glace!... oui... (a part.) J'ai mon idée... (Hatt.)
Laissez le plateau...
JOSEPH, étonné.
Oui, monsieur. (Posaot le plateau sur la table, k part.) Il
paraît qu'il les aime! Eh bien, et les autres ?... (PreDant
un baba sur le buffet.) Us vont se rafraîchir avec ça... (il sort
•n emportant le baba.)
ROQUILLON.
Je vais leur porter des glaces ; ça les fera patienter.
(Prenant une glace.) Une pOUr ma femme... (11 la met dans 1«
fond de sod chapeau»)
SCÈNE Vil
ROQUILLON, HENRIETTE, entrant par !e balcon, l'air trô*-
agiié; même toilette qu'au premier acte.
HENRIETTE, apercevant Roqaillon et allant à lai.
Ah! monsieur Roquillon, vous voilà !
ROQUILLON, d'un air distrait, tout en arrangeant ses glaces.
Vous ici, madame!... Une pour ma fille... (Même jeu qn«
plus haut.)
HENRIETTE.
J'ai reçu votre billet... Vous aviez raison ; mon mari
sait tout...
ROQUILLON, raêuie jeu.
Ah! ah !... Et une pour le notaire... les autres regar-
deront.
HENRIETTE.
Mais vous ne m'écoutez pas.
LA BOITE A BIBI 93
ROQUILLON, tenant fon ebapeaa contre la poitriM.
Si^ madame... alors il a lu?...
HENRIETTE.
Probablement!... car je l'épiais dans l'ombre, el je l'ai
vu ouvrir un petit meuble placé près de son lit...
ROQUILLON
Eh 1 eh I (il regarde dans le fond de ton chapeau.)
HENRIETTE.
Et y prendre des pistolets... entendez-vous ?... des pis-
tolets... (Elle le secone.)
ROQUILLON.
Oui, madame, j'entends bien. Mais ne me secouez pas...
(n change son chapeau de côté.)
HENRIETTE.
Alors, j'ai perdu la tête, et je suis venue... Arthur est
ici... allez me le chercher.
ROQUILLON.
Pour quoi faire ?. . .
HENRIETTE.
Pour qu'il m'enlève...
ROQUILLON, effrayé.
Un rapt ! . . .
HENRIETTE.
C'est ma seule ressource... vous partirez avec nous.
ROQUILLON, stopéfait.
Moi!
HENRIETTE.
Ce sera plus convenable... Prenez de l'argent, beau-
coup d'argent... Je no veux rien emporter à mon mari...
ROQUILLON.
Mais c'est ma femme qui tient la bourse.
HENRIETTE.
Que m'importe?... nous irons en Suisse... au pôle nord...
ou vous voudrti.
94 LA BOITK A BIBI
ROQiriLLON.
Permettez... c'est que...
HENRIETTE.
Quoi encore ?
ROQUILLON, regardant dans son chapeaa.
Ça coule dans la coiffe...
HENRIETTK, avec force.
Eh 1 monsieur, échauffez -vous donc un peu 1
ROQUILLON, criant.
Je ne peux pas... si je m'échauffe, mon chapeau e-st
perdu.
HENRIETTE, même jen.
Il s'agit bien de votre chapeau... quand c'est mon hon-
neur qui est en jeu...
ROQDILLON.
Chacun tient à ses petites affaires. Sapristi ! j'ai l'on-
glée, (il souffle dans ses doigts.)
HENRIETTE.
Comment ! vous n'êtes pas parti?...
ROQUILLON.
Si, madame... je cours...
HENRIETTE, montrant la droite ^ premier plan.
Je vous attends là... dans ce cabinet.
ROQUILLON.
Bien, madame. (Regardant dans son chapeau.) C'est un dégel
complet... Allons au plus pressé... je reviendrai, (ii fait une
fdusse sortie à droite, puis revient sur la pointe des pieds et disparu!
par le fond à gauche.)
SCÈNE VIII
HENRIETTK, puis JOSEPH et FLORINE.
HENRIETTK» serth.
Cet homme est la lenteur même... pourvu qu'il ne tarde
LA BOITE A BIBl 9S
pas! (Elle dMOMid à droite; Joseph paraît ao fond et m di«poi« à
éteindre.)
FLORIN B, paraissant à lalenétre, à Joseph,
sans voir (ienrieite.
Vous voyez que je vous ai tenu parole.
HENRIETTE, l'apercaTaDt, à part.
Fiorine !
JOSEPH.
C'est bien gentil d'être venue.
HENRIETTE, i. pari.
Qu'elle ne me voie pas! (Elle enUe rirement k droit», pm&ier
plan.)
JOSEPH, condaisant Florioe à gaacbe, premier plan.
En attendant... entrez là... J'ai mis de bonnes petites
choses de côté... Tout à l'heure, nous souperons en-
semble...
FLORINB, regardant dans la chambre.
Mais il n'y a pas de lunnière.
JOSEPH.
Ça ne sera pas long... le bal va finir... Je vais venir
vous chercher.
PLORINB.
Bon!... dépêchez- vous...
JOREPH.
A tout à l'heurp. (Fl.rine enire h gancbe. Joseph remonte et
disparait après l'entrée de CdSMgool.)
SCÈNE IX
CASSE GOUL, GROSLAIT, pnU ARTHDR.
CASSEGOUL, entrant.
J'ai deviné pourquoi Vérandah a dit an vieux que j'étais
son frère... lui, c'est le banqaier; moi, je suis Tamarit de
cœur... j'aime mieux ça, c'est plus distingua.
96 LA BOIT£ A BIBl
GBOSLAIT, rentrant par le balcon. — II porte une botte de
pistolets à la main, à part.
Il est là ! ... Que vient-il faire dans ce boudoir .' (ii pose
sa boite.)
CASSE GO UL, à part.
Mon rival ! Si je pouvais le renvoyer...
ARTHUR, entrant par le fond à droite, à part.
Vérandah qui veut que je l'attende ici... (Apercevant
cassegoui et Grosiait.) Oh! ils sont ensemble!... Comment
les empêcher de causer? (Hant s'avançant.) Charmante soi-
rée!... beaucoup de gaité... beaucoup d'entrain..
GROSLAIT.
Beaucoup.
CASSEGOUL.
Normémentl...
GROSLAIT, à Arthnr.
Ouest Vérandah?...
CASSEGOUL.
Oui... oùsqu'elle est?...
ARTHUR.
Elle reconduit ses derniers invités.
CASSEGOUL.
C'est vrai; le bal est fini... I! ne reste plus un chat.
GROSLAIT, à l'ait.
Compris!... il voudrait me faiiC partir.
AtlTHIIl..
Charmante soirée!...
GROSLAIT.
Beaucoup de gaîté!
CASSEGOUL.
Beaucoup d'entrain !
TOUS.
Beaucoup! beaucoup!
LA BOITE A BIBI VI
OASSBGOUL.
Normémenl! ... (Jo-rph mire avac un thé servi, qu'il pose snr
U ubie au milieu do théâtre.) Qu'e^lce que VOUS apportez
donc là.'...
JOSBPH.
Ça ? c'est le thé de Madame...
CASSB60UL.
11 y a deux tasses?
JOSEPH.
Nécessairement... madame n'est pas ëgofste...
ABTHUR, à part.
C'est la mienne !
CASSEGOOL, à part.
C'est pour moi I...
GROSLAIT, à part.
Elle me l'a promisi', et je l'aurai!... D'abord, montrons
bien à ce monsieur que j'ai l'intention de rester, (ii
■'aseied )
CASSEGOOL, à part.
Il s'assistH... Est-ce qu'il voudrait me couper l'herbe
sous le pied?... attends, v'ià ma réponse... (ii s'asiied.)
ARTHUR^ à part.
Ils s'installent tous les deux...
GROSLAIT.
Quel beau ciel que le ciel du Japon ! n'est-ce pas... (Ap-
poyant.) capitaine!
Ai\TiiUR, \)i\ et pouiiaot le coude à Cattegoal.
Capitaine... c'est vou?.
CAïSKUOUL.
^ Ah oui!... Le ciel du Japon... ah I oui...
ARTHUR.
Superbe... superbe!...
GR05LAIT, avec ialdotioD.
Mais ça ne vaut pas le ciel de l'Espagne.
96 lA BOITE A UIBI
CASSEGOOL.
Oh! oh!
ARTHUR.
Ça dépend...
CASSEGOUL.
Ça dépend... Faudrait les voir tous les deux le mên
jour,
GROSLAIT.
Et c'est difficile !
CASSEGOUL.
Ah I... en se levant de bonne heure.
GROSLAIT, bas à Arthur.
Il se tient sur ses gardes il est très-fort... J'ai ui
envie de le giffler.
ARTHUR, bas.
Contenez- vous!
GROSLAIT, bas.
Soyez tranquille : je veux qu'il commence, pour ave
le choix des armes... (Chaotant entre ses dents tout en retirs
•es gants.)
Vive l'Espagne qui nous donne
Les meilleurs vins...
CASSEGOUL, à part.
Il ôte ses gants... v'ià ma réponse, (il chantonne tout
dénouant sa cravate et en déboutonnant son gilet.)
Vive les garçons boulangers.
GROSLAIT, à part.
Manant I... (il se verse une tasse de thé.)
CASSEGOUL, tirant lo plateau^
Oh ! non... pas ça... c'est défendu...
lA BOITB A BIBI 99
OROSLAIT, mémajea.
Défendu I Je m'en moque comme d'une guigne.
CASSB^^-OUL, M leraDt farieni.
Monsieur le baron !...
GROS LAIT, tendant la jone.
Tapez donc!
CASSEGOUL, à part.
Pas si bélet il me le rendrait.
CROSLAIT.
C'est bien... attendons!
CASSEGOUL.
Attendons!... (lu m raaseyeot tooi denx.)
ARTHUR, à part.
Ils vont se dévorer. (Hant.) Charmante soirée. . beau-
coup de gaité, beaucoup d'entrain.
GROSLAIT et CASSEGOUL.
Beaucoup! beaucoup! normémenl!
GROSLAIT, à part.
Je finirai bien par le pousser à bout. (Joseph rentre,
portant nn coin de fea et un foulard, et se dirige vers la droite. )
ARTHUR, à part.
Ma robe de chambre et mon foulard... Est-il bête de
porter ça maintenant!...
GROSLAIT, à part.
Voilà mon affaire ! (A Joseph.) Eh ! mon ami!
JOSEPH, s'arrêtant.
Monsieur ?
GROSLAIT.
Laissez ça là...
Mais...
JOSEPH.
GROSLAIT.
Je vous dis de laisser ça là...
100 lA BOITE A BIBl
JOSEPH,
Bien, monsieur... (il pu e ksobjeu.) Ils ne s'en iront donc
pas !... Et Florioel... (Groslait ôte son habit et mot le coia de
fen.)
ARTHUR, à part.
Ah! bon!... il se déshabille...
CASSEGOUL, à Groslait.
Vous mettez le pet en l'air... le casaquinî...
GROSLAIT.
Comme vous voyez.
CASSEGOUL.
Ah ! c'est comme ça ?... (il met le foulard sor sa tête.)
GROSLAIT.
Qu'est-ce que vous faites ?
CASSEGOUL.
Hében! je mets le foulard; vous pouvez pas tout
avoir...
GROSLAIT, à part.
Savoyard I
CASSEGOUL.
Pourquoi donc qu'on se gênerait ?
ARTHUR, à part.
Us sont enragés! (Cassegoal tire le plateau et met do sucre dans
la tasse.)
GROSLAIT, se levant et prenant le plateau devant lui.
Oh ! non... pas ça... c'est défendu.
CASSEGOUL, furieux.
Monsieur le baron ?
GROSLAIT, tendant la joue*
Mais tapez donc !
CASSEGOUL, Je voyant embarrassé.
Il est embarrassé!... maintenant, volontiers, (il lui donne
ne soufflet.
LA BOITF. A BIBI IM
GROSLAIT.
Ça y est t
ARTBVB.
Bien tapé !
GROSLAIT, lai tendant le platMQ'
Tenez moi ça...
CASSF.GOUl., le poenant mAcbiDalemant.
Pour quoi faire ?
GROSLAIT.
Pour VOUS le rendre... (ii lai doona ra toofllet.)
^ CASSEGOOL.
Aïe !...
ARTHUR.
Bien rendu!...
HENRIETTE, FLORINE oarrant cbacDDe la porte de 'car
rabinet et la refermant, TiremeDl après aroir poasso oa cri
étooffé.
Âhl
OASSEGODL, prfs de >a porte de gaaehe, à part.
C'est elle... elle esl là '
GROSLAIT, pris de la porta de droite.
C'est Vérandah !
ARTHUR.
Messieurs, l'honneur est satisfait.
ROQUILLON, aa fond.
Je vous dis qu'il faut que je lui parle.
ARTHUR, remoDtaot on pea.
Qu'est-ce donc ?...
CASSEGOUL, k part.
Glissons-nous 1...
GROSLAIT.
Entrons vite I... (Groslait entre rani<lem'>nt i droite, Ca^tegoal k
fancbe.)
ARTHUR.
Eh bien 1... OÙ vontils ?...
4 oc LA BOITE Â BIBI
SCÈNE X .
ROQUILLON, ARTHUR.
ROQUILLON, lechapean bossaé, les habits déchirés*
Ah ! Arthur... vous voilà !
ARTHUR.
Ah ! mon Dieu!,., qu'est-ce que vous avez?
ROQUILLON.
Ça y est!... quand ma femme m'a encore vu revenir
sans vous, elle s'est mise dans un état !... Elle m'a jeté
sa boi!,e de poudre de riz à la tête... elle a sauté jusqu'au
plafond... quand elle est redescendue, elle est tombée
sur moi.... Ça devait arriver.... ça couvait depuis long-
temps.
ARTHUR.
Vous vous laissez battre par votre femme ?
ROQUILLON.
Parbleu! le notaire s'en est mêlé... il m'a jeté son encrier
à la tête.
ARTHUR.
Ah ! t. un notaire.
UOQUILLON
Il est de la banlieue... un rural... mais qu'est-ce qu'il
aurait donc fait, s'il était notaire à Paris ?... Il n'y a que le
cousin Hector qui s'est bien conduit ; il n'a pas voulu as-
sister à ça, et il s'est en allé avec ma fille, dans la pièce
à côté.
ARTHUR, inquiet.
Hé! hé!... dites donc!...
ROQUILLON, sans l'écouter.
Aussi tout ça m'a décidé. Je pars avec vous. Dans quel
pays allons-nous?
LA i;OiT£. A BIBI 103
AITHOK.
Que voulez-vous dire?
ROQniLLON.
Vous n'avez donc pas vu madame de Groslait ?...
ARTHUR.
Henriette ?... mais non...
ROQL'ILLON.
Son mari a vos lettres dans sa poche. . . Elle vous at-
tend là I... (il moQlre U droite.)
ARTHUR.
Dans ce cabinet!... mais le baron viont d'y entrer.
ROQUILLON.
Saprelottel... (Brait de soafDet, àganchp.)
ARTHUR.
Encore un soufiQet !
ROQUII.LON.
Lo baron se serait oublié à ce point là... un gen-
tilhomme !
SCÈNE XI
Lb8 Mêmes, CASSEGOOL, paii GROSLAIT, pois VE-
RANDAH, FLORINE, HENRIETTE.
CA8SEC0UL, sorUot d« (aaeba et se teoaot U joae.
Ça me fait la paire... c'est vrai!... en v'Ià une drôle
de partie une!...
GROSLAIT, «enaol Ju cabiael ue drùia, à Ariliif.
Elic est charmante... Je lui ai rendu les lettres, et nous
allons les brûler ensemble, (u ra preodre aa flambeaa sar lo
boffet.)
ARTHUR.
Ah!... (a part.) Sauvés alors !...
i04 LA BOITE A niBI
CASSEUOUL.
Elle a tapé fort... came cuit... »
GIIOSLAIT redescendant, à Arthnr.
Ah ! c'est un ange que cette Vérandah !
VÉRANDAH, paraissant an fond avec Josepîia
Que de monde chez moi... à cette heure!...
CASSE GOUIi, étonné.
Comment!... Elle!...
GROSLAIT, stupéfait.
La voilà!...
GASSEGOUL.
Que qui m'a taloché alors? faut voir!... (ii va à la
porte de gauche; Florine paraît.) Florme !
FLORINE.
Ce n'est pas moi que vous attencSez!
GROSLAIT.
Mais qui donc était dans celle chambre? (il va à
droite.)
HENRIETTE, paraissant.
Moi, monsieur !
GROSLAIT.
Ma femme !
HENRIETTE, avec dignité.
Moi, qui ai voulu savoir comment vous vous condui-
siez hors de chez vous...
GROSLAIT.
Pardon! c'était pour rire...
ROQUiLLON, Eiant.
Le fait est que c'est drôle.
GROSLAIT, se retournant et le reconnainant.
Le cocher 1... Tiens, animal... c'est loi qui paieras pour
iOUt le inonde. (I! loi donne un conp de pied.l
là BOITE A BIB! 103
ARTHUR, |>reuitDl la maia de Roqnillon.
Baron I.. . je vous prësenle mon beau-père.
GROSLAIT.
Ton beau- père !
ROQTriLtOSi.
Non, c'est changé... le contrat est signé.
ARTHUR.
Sans moi ?
ROQUILLON.
Oui. Le cousin Hector a été si gentil pour ma fille ... il
oe restait plus que cela à faire.
VÉRANDA H, à Arthnr.
Je savais bien que je te garderais.
CASS£GOUL.
Alors, je suis sacriflé.. Si j'avais su, c'est moi qui
l'aurais laissé moisir dans la Boite à Bibi;
Air : de la eharuon du !•' acte.
VÉRANDAH.
Mon Anhar reste à sa maltresse.
GROSLAIT.
Moi, j'reste à ma p'tit' femme...
ARTHUR.
Enfin t...
R0QO(LL0N.
Moi j'entre en plein dans ma jennesse,
PmsqHe ma fille a son coasin.
CASSEGOUL.
J'reprends Florin', qai n'est pas laide...
VËAANDAH.
Mais avec tout ra, nous v'Ià tons.
Comme Gur une cordo rsiUe,
ËD équilibre devant vous.
IOj la boite a bibi
TOUS, parip.
Et si ça casse î...
VERANDAH, an pablic.
Et si ça casse, casse, casse?
Ah ! messieurs, faites-nous grâce t
Faut pas qu' ça casse, casse, casse.
Avec un bravo ça tiendra.
Voilà I
Voilà I
REPRISE EN CCEUR.
FIN
jnprimeiie de Poissj — S, Lcjay «i Ci».
PLEASE DO NOT REMOVE
CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKE
UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY
PQ Duru, Alfred^
2235 La boite à bibi
D685B65
188^;